Sociologue de formation, Ache Ahmat Moustapha, est une touche à tout. Réalisatrice et auteure, la jeune femme, excelle dans de nombreux domaine. Gros plan sur une artiste complète au succès mérité.
Femme au caractère bien trempé, Ache Ahmat Moustapha n’est pas du genre à parler pour ne rien dire. Elle se définit clairement comme une personne acharnée et dévouée à son travail. « J’exprime ma pensée à travers, la peinture, l’écriture, le cinéma et je le fait avec la plus grande passion. Toutes mes activités, tous mes engagements, sont autant de manière pour moi de mieux comprendre mon pays, le Tchad, la société, d’être au plus près des gens. C’est ce qui m’a conduite à faire des études de sociologie, avant de me tourner vers la communication et le cinéma. J’ai acquis la conviction qu’il était nécessaire de raconter le réel à travers les arts», affirme-t-elle.
Ces compétences, Ache l’aiguisera au fil des années de pratique. D’abord à l’office nationale de la radio et de la télévision tchadienne en qualité de productrice et d’animatrice de télévision et ensuite à l’Unicef ou de 2013 à 2016, elle fût chargée de production multimédia et des relations avec la presse. Passionné par le 7ème art, la jeune femme a réalisé deux courts métrages, « Entre 4 murs » en 2015 et Al-Amana » en 2017, qui ont été tous deux sélectionnés à des festivals internationaux. « Mes films traitent des problématiques liées à la protection et l’émancipation des jeunes filles tchadiennes. J’ai également réalisé plusieurs documentaires et reportages qui sont, l’engagement des femmes en politique au Tchad ; Une journée d’école au Tchad et Halima rescapée de Boko Haram », confie l’artiste.
Préoccupée par le sort de la femme, la sociologue, aborde quasiment dans tous ces travaux, les questions liées aux conditions de la femme tchadienne et de la jeune fille. Dans son premier roman « Kalam Sutra », elle nous parle des conditions extrêmes des femmes au Tchad et surtout les exactions commises sur ces dernières. « Je me suis inspirée par les faits de société, plus particulièrement les conditions de la femme dans la société, victime de violences et de toutes formes d’abus. J’ai souhaité par ce livre exprimé mon désir de dénoncer les difficultés rencontrées par les femmes de mon pays. Plus particulièrement celles de ma région, en espérant ainsi amorcer un changement positif dans leurs vies », explique Ache , avant d’ajouter qu’un artiste travaille par obsession, « et mon obsession de cinéaste, auteure c’est l’émancipation intérieure. Notamment l’émancipation des femmes, à l’intérieur d’une société dont j’ai à cœur de décrypter les codes, les traditions, les rapports de force. Tout cela me permet de sensibiliser le public aux questions liées aux droits humains, particulièrement fondamentales dans notre pays qui a encore tant de séquelles… ».
A cheval entre deux cultures (française et tchadienne), celle que l’on surnomme « Kanembou Nassara », est très attaché à sa langue maternelle, le Kanembou, qu’elle juge trop peu valorisée. Raison pour laquelle, elle s’est donné pour mission, de la faire connaitre via les réseaux sociaux. « Petite ma grand-mère, me parlait toujours en Kanembou. Je ne parlais que français, mais je comprenais ce qu’elle disait. Avec le temps, Je me suis rendue compte que je parlais couramment le français, l’anglais et l’arabe, mais que ma langue maternelle était trop peu valorisée. Mon kanembou parlé est un métissage mixé entre celui de Mao et du Lac-Tchad. C’est du Kanembou Nassara ! Cet héritage que j’ai des miens et que j’en suis extrêmement fière, j’ai voulu non seulement le faire connaitre, mais aussi le partager. Et quoi de mieux que les réseaux sociaux pour véhiculer des messages positifs de nos jours », raconte-t-elle.
Pour ces projets futurs, Aché Ahmat Moustapha compte organisée en 2024, la 4ème édition de son festival de court-métrage (Fetcoum). « Je compte aussi continuer de faire parler du Tchad à l’international et plaider pour l’installation d’une paix durable par le biais des arts et de la culture. », fait-elle savoir.
Kedai Edith