Le Croset (Cercle de réflexion et d’orientation sur soutenabilité de l’économie tchadienne) en partenariat avec le Service de coopération et d’action culturelle (Scac) de l’Ambassade de France a organisé une conférence-débat sur le thème « comment accroître le coût moral de la corruption au Tchad ? » ce jeudi 14 novembre 2019 au Cefod.
C’est un panel composé des anciens ministres, des responsables d’entreprises et des leaders de la société civile qui a passé au peigne fin les différents modes de corruption, les causes et les conséquences tout en dégageant des pistes de solutions.
D’après l’ancien ministre des Finances et du budget, Issa Abdelmamout, certains pays d’Afrique moins nantis avec des ressources hors pétrole s’en sortent mieux que le Tchad. Selon lui, le service public est défaillant et la corruption gangrène toutes les régies financières du pays avec la complicité ou le soutien de personnes bien placées dans la haute sphère de l’Etat. Avec des exemples à l’appui, il démontré comment la corruption se passe dans les services des douanes, les impôts, le trésor. « Le Tchad perd 60% de ses recettes fiscales », précise-t-il. Comme cause, il cite les fausses déclarations à la douane, la mauvaise formation des agents, la mauvaise collecte de la Tva, les fonctionnaires qui font du commerce et qui ne s’acquittent jamais des impôts, les recettes administratives qui ne sont pas versées au trésor, la violation du code des marchés publics, la manipulation des lignes budgétaires, etc.
L’ancien ministre de l’assainissement publique et de la promotion de la bonne gouvernance, Hinsou Hara, pointe du doigt la faiblesse de l’autorité de l’Etat qui laisse la situation s’envenimer. Parlant des conséquences, il relève que la corruption affecte la prise des décisions administratives, favorise l’augmentation des prix des biens, la pauvreté, l’inégalité sociale, l’injustice, la médiocrité, l’enrichissement illicite et menace la viabilité des institutions.
Peugouba Garba Boukinébé, président de l’Aformatis-Tchad propose à l’Etat la création des structures paritaires de lutte contre la corruption. Pour lui, les institutions état actuellement en place ont montré leurs limites. Il appelle en outre tout citoyen à lutter à sa manière contre ce mal qui retarde le développement du pays. « Il ne faut pas se décourager et laisser croire au corrompu et corrupteur qu’ils ont gagné. Le combat doit être perpétuel », exhorte-t-il.
Guidjindandi Djono