Non à la diversion
La situation que traverse actuellement le pays de Toumaï est la résultante de nombreuses incuries. Le Tchad paye ainsi le prix des erreurs et les indélicatesses dans la gestion des affaires par le régime de Déby. Raison pour laquelle, un mois après l’investiture du Président de la République Idriss Déby Itno fait face à une vague de tensions sociales sans précédent qui paralysent les services publics.
La situation financière désastreuse entraine des retards dans les paiements de salaires et primes des fonctionnaires, les subsides de maitres communautaires qui totalisent plus de 20 mois d’arriérés et la pensions des retraités. Le syndicat national des enseignants et chercheurs du supérieur menace de rompre le protocole d’accord avec le gouvernement et exige sans délai le paiement des salaires et primes des examens ; l’Union nationale des étudiants tchadiens interpelle le gouvernement à prendre ses responsabilités au risque de blanchir l’année ; l’Union des syndicats du Tchad, la centrale la plus représentative a appelé les travailleurs à cesser le travail dans tous les services publics sur l’ensemble du territoire pour exiger le paiement intégral de salaires du mois de juillet et d’août. Ce Syndicat des enseignants du Tchad conditionne la rentrée académique par le paiement des salaires et primes de concours et examens. Les jours qui arrivent s’annoncent bien rudes. De jour en jour l’étau se resserre autour du gouvernement. Auxquelles de ces situations faut-il parer en premier lieu, puisque tous se révèlent d’une impérieuse urgence ? Ainsi ce qui devait arriver arriva. Les conséquences de la mauvaise gestion des finances longtemps décriée sont là inévitablement. Et le gouvernement doit donc y faire face. Les 16 mesures d’urgence prises par le gouvernement : « la réduction des charges publiques, l’amélioration de l’efficacité de l’Etat et l’accroissement de recettes publiques » ne semble faire l’unanimité. Au contraire, elles enveniment la situation. Des grincements de dent se font déjà entendre. Tout porte à croire que les jours qui arrivent verront des actions de protestation sur tous les fronts. Le président de la république lui-même a reconnu et a voulu anticiper sur le coup en appelant à l’apaisement à l’occasion de la fête de Tabaski. « La période de la vache grasse est derrière nous. Nous vivons la période de la vache maigre, l’Etat ne peut donner ce qu’il a. » dit-il.
Reste à savoir si ce message sera entendu par ses compatriotes surtout les syndicats. Comment dire à un ventre torturé par la faim et un cœur meurtri par l’injustice, d’entendre la voix de la patience surtout que l’on sait que la patience n’a jamais rempli une assiette. Le peuple tchadien réduit au rang de la populace a assez souffert de la mal gouvernance, point n’est encore besoin d’augmenter ses supplices à travers des mesures drastiques. La population n’est pour rien dans cette situation. Au lieu de faire subir les conséquences de la crise économique actuelle à la population, le gouvernement doit assumer ses responsabilités et prendre des mesures qui s’imposent inévitablement dans le milieu des finances publiques, sanctionner les auteurs de détournements, rapatrier tous les fonds de l’Etat volés et conservés dans les paradis fiscaux.
Brandir la chute du baril de pétrole n’est qu’un prétexte pour ne pas reconnaitre humblement le tort causé au peuple tchadien dans la gestion de la Res publica. Deby ferait mieux de revoir sa manière de gérer ce pays. L’on ne dirige pas un pays comme un bien familial. Le peuple tchadien a ras-le bol de toutes ces manœuvres. Le Tchad a besoin des institutions fortes, des hommes compétents et intègres et une bonne gestion des finances publiques.
La Rédaction