La nouvelle est passée presque inaperçue. Les attentions étant essentiellement captées sur le congrès extraordinaire du mouvement patriotique du salut (Mps) n’ont pas permis un écho à la mesure de la gravité des faits. Le conseil des ministres du jeudi 31 octobre dernier a annoncé l’adoption d’un projet de modification du code électoral. «Le nouveau texte de loi, fruit d’un consensus et d’une concertation régulière et permanente entre le Cadre national du dialogue politique (Cndp) et la Commission électorale nationale indépendante (Céni), apporte des innovations majeures liées aux délais de recours, aux délais des opérations pré-électorales et électorales, aux délais d’affichage des listes, au mode de scrutin, au montant de la caution, à la parité homme-femme, aux élections législatives et locales, à la déclaration et au délai de dépôt de candidature».
En vérité, il n’y a rien de plus faux et les quinze membres de l’opposition n’ont pas tardé à le dénoncer dans un communiqué qui est malheureusement passé inaperçu en raison du brouhaha autour du congrès du parti au pouvoir. Le Cndp a mis en place une commission dirigée par Dr Nasra et dont les recommandations ne sont pas celles annoncées par le gouvernement. Pour cette frange de l’opposition dont la crédibilité est sujette à caution à cause de la manière dont elle a été désignée au Cndp, c’est une occasion pour montrer patte blanche aux yeux de l’opinion. La plénière du Cndp qui sera convoquée ces jours-ci (lire indiscrets) à la demande de l’opposition sera l’occasion pour les observateurs de réaliser si l’opposition qui a jusque-là tout encaissé est encore capable de quelque chose.
Ce sera aussi un test face aux manœuvres du parti au pouvoir qui, malgré ses dénégations, redoute les élections et joue la montre pour ne pas y aller. Les annonces du coup KO cachent mal une volonté de verrouiller le jeu de sorte à être à la fois arbitre et concurrent. Si l’incident autour du code électoral n’est pas créée expressément pour provoquer un blocage (de plus) dans le processus, il participe de la volonté du pouvoir de mettre toutes les chances de son côté et concourir à armes inégales comme il l’a toujours fait.
C’est pourquoi la résistance face à l’unilatéralisme est un impératif si l’on veut se donner les allures d’un Etat qui aspire à avoir un visage démocratique. Il faut obtenir une relecture lucide du code électoral voire des autres dispositions antidémocratiques qui ne permettront assurément pas la tenue d’élections libres et transparentes. Sur ce chapitre, le sujet n’est plus d’un parti mais de toute la classe politique voire de la société civile. Il faut faire bloc pour une révision profonde de l’ensemble du dispositif règlementaire avant les prochaines élections. Sinon, ce ne sera qu’un pas de plus dans le long mais très sûr chemin vers les abysses.
La Rédaction