Edito

La dialectique de la force

La dialectique de la force 1

Ainsi, le gouvernement proroge l’état d’urgence décrété le 20 août dernier en sollicitant le quitus du parlement conformément à la constitution. Un exercice pour respecter la constitution du 4 mai 2018 qui exige qu’au-delà de 21 jours, le gouvernement doit solliciter l’aval de l’assemblée nationale. Ceci dans un contexte de crise politique, conséquence d’un malaise généré par la mal gouvernance ainsi que l’a décrit le président du cadre d’action populaire pour la solidarité et l’unité de la République (Cap-Sur) dans le mémorandum dont nous faisons l’écho dans ce numéro.
En vérité, Joseph Djimrangar Dadnadji ne dis autre chose que ce que tout le monde, acteurs politique avisés, diplomates, membres de la société civile, ressasse : la 4ème République a détruit ce qui marchait encore dans le semblant de démocratie qu’est le système politique Tchadien.
Seulement, ces inquiétudes ne semblent émouvoir ni le chef de l’Etat depuis sa retraite à Amdjarass d’où pourraient sortir de « grandes décisions », ni son ministre délégué à la défense, Mahamat Abali Salah alias « Trump » qui est l’homme du moment. Que des nominations à la territoriale s’en foutent de la géopolitique, qui a jusque-là prévalu leur importe peu. Que des recrutements à la police traduisent une volonté manifeste d’exclure les sudistes de l’administration publique les laissent de marbre. Pour eux, l’essentiel reste la contrainte, la loi de la force qui risque de s’abattre sous peu sur les provinces du Sila, du Ouaddaï et du Tibesti. La loi de la force comme celle qui a permis l’instauration d’une nouvelle République où le serment confessionnel a été imposé. Un an après, comme l’indique le président du Cap-Sur, le chef de l’Etat s’est rendu à l’évidence. Il n’a pas rendu plus vertueux ceux qui s’y sont pliés. Au contraire, il a renforcé chez les chrétiens le sentiment d’une volonté d’exclusion revendiquée et assumée.
Face à cette situation, le pouvoir continuera à nier l’évidence avec l’espoir que les forces vives de la nation continuent à supporter, supporter et encore supporter. C’est comme pour si le pouvoir, on aura beau tirer sur la corde, elle ne se brisera pas. Or, il est établi que la logique de la force ne mènera qu’à la force. Sauf si c’est le dessein qu’il a voulu pour le Tchad, Idriss Déby Itno doit s’amender et offrir à ce pays un destin plus honorable que ce qui lui arrive. Il avait en 2001, déclaré qu’il lui restait à préparer le Tchad à l’alternance avant de se dédire. Il lui reste au moins à éviter la banqueroute vers laquelle il glisse insidieusement. S’il le veut bien sûr.

La Rédaction