Emmanuel Trégoat, sélectionneur de l’équipe nationale de football du Tchad fera son deuxième baptême de feu (il a déjà entraîné les sao) ce jeudi 5 septembre à N’Djaména contre le Soudan. Un retour que le technicien français aborde avec beaucoup d’optimisme dans l’entretien qu’il a accordé à votre hebdomadaire (lire P8) et qui risque, si l’on n’y prend garde de détourner l’attention sur l’essentiel. L’essentiel étant de redonner au sport tchadien (pas le football seulement) ses lettres de noblesses ainsi que l’a demandé début août le chef de l’Etat à l’occasion de la pose de la première pierre pour la construction d’un stade à Mandjaffa.
Ce jour-là, Idriss Déby Itno à qui on ne connaît pas un grand intérêt pour le sport comme certains de ses pairs a surpris tout le monde par une critique en règle et fondée de la gestion du sport Tchadien. Détournement des fonds de développement, clientélisme et népotisme dans le choix des athlètes devant représenter le pays aux compétitions internationales, inamovibilité des équipes dirigeantes des fédérations, etc.
Après les propos du «boss», ce fut un branle-bas de combat. La fédération tchadienne de football et le ministère des sports, d’ordinaire opposés en permanence, ont vite fait de s’entendre pour faire venir le technicien français à qui le Tchad doit son seul trophée international avec les seniors. Pendant ce temps, le comité exécutif de la fédération a semblé s’atteler à mettre en place les conditions d’une alternance avant de se dégonfler… Diversion ?
Pour notre part, nous l’avons toujours écrit, la renaissance du football voire du sport demande plus qu’un changement d’entraîneur qui reste une situation conjoncturelle. Il faut bien plus. Et le ministre des sports doit saisir l’opportunité du vent favorable pour solliciter de la Fifa l’instauration d’un comité de normalisation d’où pourrait venir le salut du sport roi. Qu’on parvienne à expliquer à quoi ont servi les dizaines de milliers de dollars de la Fifa destinés au développement et à la formation.
En plus de cela, il faudra fluidifier le mécanisme de financement du sport instauré par la loi des finances. Que les 10 francs prélevés par les compagnies de téléphonie mobile arrivent à destination. Que l’Etat consente à céder certaines taxes aux entreprises qui soutiennent le sport. Ce sera un levier pour faire éclore de nouveaux talents qui feront tonner la tchadienne de par le monde. Des Kaltouma Nadjina, des Japhet N’Doram, le Tchad en regorge des milliers. Pour peu qu’on leur donne l’occasion d’éclore, notre pays cessera d’être la risée des stades comme aux jeux olympiques de Rio où notre unique représentante, autorisée à compétir au nom de la solidarité olympique et non en raison de ses performances, a simplement abandonné la course au regard des performances de ses concurrentes.
Le sport comme la culture est un puissant levier de développement et un formidable outil politique qu’il faut savoir saisir en commençant par un nettoyage des écuries. Et l’Etat qui a délégué la gestion des disciplines aux fédérations en a les moyens.
La Rédaction