L’état d’urgence décrété en conseil des ministres le lundi 19 août 2019 dans les provinces du Ouaddaï, Sila et Tibesti pour contenir les conflits intercommunautairesest entré en vigueur ce mardi à 00 heure. Au-delà de la forte restriction de la liberté circuler qu’entraine ce genre de situations, les mesures drastiques imposées aux trois provinces les exposent une asphyxie économique.
Dès les premières heures de l’entrée en vigueur de l’état d’urgence ce mardi, les populations des trois provinces concernées subissent de plein fouet les effets pervers des mesures d’austérité imposées par les autorités. Les habitants de la ville de Goz Béida dans le Sila sont les premiers à se voir déposséder de leurs motos par une commission mixte composée des policiers, gendarmes etgardes nomades. En tout, 131 motos sont saisies dans cette ville ce mardi 21 août 2019. La saisie de ces engins à deux roues est l’une des mesures annoncées par président Idriss Déby. Pour le chef de l’Etat, ce sont les motos qui facilitent l’entrée des armes à partir du Soudan et leur circulation dans les provinces du Ouaddaï et du Sila. C’est pourquoi il ordonne que tous ces engins soient saisis et les noms de leurs propriétaires enregistrés pour permettre leur restitution à la fin de l’état d’urgence.
Mais cette mesure est un coup dur pour les populations de cette zone, très dépendantes des motos dans leurs différentes activités économiques.Privés de ces moyens roulants, beaucoup d’opérateurs économiques verront leurs business freinés des quatre fers et vont broyer du noir durant cette période d’exception.
Un autre coup dur pour les trois provinces, c’est la fermeture des frontières des trois provinces avec le Soudan, la Libye et la République centrafricaine. Même si le ministre en charge de la défense et de la sécurité annonce que cette fermeture des frontières avec les trois Etats est tempérée par l’ouverture de six corridors pour permettre de filtrer les entrées et les sorties à Kouri 35, Ouniang et Mourdi aux frontières avec la Libye, Adré, Tiné et Amdjiremé du côté du Soudan, Sido et Goré à la frontière avec la Rca, les économies de ces provinces vont pâtir de ces fortes restrictions. Tous ceux qui emprunteront un autre passage que ceux des corridors sont en infraction et seront pris pour cible par les forces de sécurité, prévient Abbali Salah.
Cette situation va probablement exposer les opérateurs économiques qui importent des denrées de premières nécessités de ces Etats voisins, principalement du Soudan pour alimenter une grande partie de l’Est du pays, de même que les éleveurs tchadiens et autres opérateurs économiques qui exportent vers ces pays, aux tracasseries et aux rackets de toutes sortes des forces de défense et de sécurité réputées pour leurs abus dans ce genre de situation.
Les 5 000 militaires déployés dans les trois provinces risquent de poser de grands problèmes aux populations si l’on n’y prend pas garde.
Ngaralbaye mickaël