L’actualité politique de ces dernières semaines a été marquée par la désignation d’un nouveau chef de file de l’opposition. Le président de l’Union pour la démocratie et le renouveau (Urd), Nialbé Felix Romadoungar est, selon un arrêt contesté de la cour suprême, le nouveau chef de file de l’opposition en lieu et place de Saleh Kebzabo qui a eu beau rappeler que selon la loi, le chef de l’opposition est désigné pour la durée de la législature.
Le débat s’est poursuivi sur le terrain politique où des observateurs ont rappelé à Kebzabo qu’il paye ce qu’il a fait en 1996 quand il a refusé de soutenir le défunt président de l’Urd, Wadal Abdelkader Kamougué face à Déby au deuxième tour de la présidentielle. De là à exhumer le vieux contentieux entre le Mayo-Kebbi-Tandjilé et le groupe sara, le pas a vite été franchi. Sur les réseaux sociaux, les noms d’oiseaux ont fusé sans que le débat ne se poursuive et se vide.
Mais en fait, qu’est ce qui oppose ce que nous appellerons les banana à leurs frères sara? De nos investigations, le contentieux date des années 1970, après le coup d’Etat contre Tombalbaye. Excédés par l’attitude d’un administrateur, les populations du Mayo-Kebbi se sont révoltées contre le pouvoir central. La publication d’un mémorandum revendicatif des populations du Mayo-Kebbi a entraîné des arrestations de leurs auteurs parmi lesquels un certain Nassour Guelengdouksia Ouaïddou. La suite, une adhésion massive des cadres du pays banana aux forces armées du nord de Hissein Habré qui défiait déjà le régime de Malloum. De là, date le schisme qui est la conséquence, il faut l’admettre d’une immaturité politique. Les banana sont devenus alliés des nordistes contre les sara qui venaient de totaliser une vingtaine d’années au pouvoir.
Est-ce que la même logique a prévalu en 1996 au lendemain du premier tour de la présidentielle ? C’est ce que pensent de nombreux analystes. Non nous dit un témoin de la réunion entre les candidats opposés à Déby qui estime sur le tard qu’en fait »Kamougué et Kebzabo avaient tord ». Le premier pour avoir refusé de suivre la majorité qui demandait le boycott du second tour et le second pour s’être jeté dans les bras de l’ennemi commun. Ce qui n’a fait qu’accentuer la méfiance entre les deux communautés voisines qui constituent à elles deux l’essentiel de l’électorat du pays. ’’Le diviser pour mieux régner’’ s’est poursuivi produisant une version hideuse de l’histoire quand dans les facultés, les consignes de votes étaient données sur des bases tribales et régionalistes.
A quelle fin ? Où cela a-t-il mené? Sinon consolider un système politique qui prétextait combattre l’injustice sociale mais qui s’avère être la plus grosse escroquerie de l’histoire de la nation tchadienne. Il est grand temps d’en finir avec cet antagonisme qui n’a été que mortifère pour tous et œuvrer à la construction d’une nation. Entre les deux communautés voisines qui constituent le sud du Tchad, il y’a plus à gagner ensemble qu’à perdre. Et que nos différences deviennent des sujets de plaisanterie et non de division.
La Rédaction