Onrtv : L’impératif d’un changement
C’est l’étonnement qui a marqué l’opinion à l’annonce de la grève de trois jours lancée par le syndicat du personnel de l’office national de radio et télévision le week-end dernier tant l’organe public, a mauvaise presse dans l’imaginaire populaire. Beaucoup ne se souviennent même plus de la dernière fois que les confrères de la radio et télévision nationale ont fait preuve de capacité à s’indigner même quand le libre exercice de la profession a été mis à rude épreuve. Les anciens se souviennent que la dernière grève datée de 2005, une éternité au regard de tout ce que le pays a traversé depuis.
C’est donc avec surprise que l’opinion a découvert que dans cet organe aussi, depuis 2011, des hommes et des femmes travaillent sans les avantages que leur confère la convention d’établissement. La question a été repoussée chaque fois, soit faute d’argent, soit au prétexte que les moyens sont injectés dans la construction de la tour qui devra abriter la télévision nationale. La manœuvre a duré jusqu’à ce 22 juillet quand, las d’attendre, la centaine d’agent a décidé de franchir le Rubicon en débrayant…
Même si les revendications de nos confrères sont légitimes et méritent d’êtres soutenues, le mouvement n’a pas reçu la vague de sympathie comme dans les autres secteurs. Les médias publics ont réussi à s’attirer l’antipathie de l’opinion. Caisses à résonnance du parti au pouvoir, la radio et télé Tchad ont donné ces dernières années, l’impression d’être des médias où la notion du service public, l’expression plurielle, l’égalité des citoyens et la critique n’ont pas droit de cité. Une attitude qui a fini par décrédibiliser ces deux médias qui, au lieu d’êtres au service de la nation apparaissent comme des agences de communication du régime. Sans plus. L’actuel porte-parole du gouvernement, au cours de sa tournée de prise de contact n’a pas eu de mots assez durs pour déplorer cet état de chose. De guerre las. Les mêmes habitudes ont repris le lendemain confirmant l’état de déconfiture et de l’antipathie qu’il a provoqué au sein de l’opinion. En témoignent les commentaires au vitriol postés sur les réseaux sociaux même quand il s’agit de commenter le débrayage des agents de l’Onrtv.
Si sur le fond, le vrai problème est le non-versement de la redevance audiovisuel par le Trésor public à l’Onrtv, ce qui est une injustice, il n’en reste pas moins que la structure elle-même doit s’amender aussi bien dans la qualité de sa production que l’équilibre dans le traitement de l’information. Ce que les agents «grévistes» revendiquent aujourd’hui est légitime. Il s’agit de l’argent du contribuable tchadien que le parlement a décidé de leur reverser pour le service public qu’ils sont censés assurer. Il n’appartient ni à l’exécutif moins encore au trésorier payeur général d’en décider de l’usage. C’est de l’argent prélevé pour l’office et cela doit lui revenir. C’est ce qu’attend la direction, si on la croit, pour pouvoir répondre aux revendications des grévistes. L’occasion doit aussi être saisie par les confrères pour s’amender et revenir aux fondamentaux du métier. Le devoir d’impartialité. Ils n’ont qu’à prendre leur ministre de tutelle au mot : «laissez vos sentiments partisans à l’entrée des salles de rédaction». Et c’est le Tchad qui y gagnera.
La Rédaction