La publication de la liste des présumés faux diplômés de la fonction publique, la polémique autour de la désignation du président de la Céni, les incursions dans les ambassades du Tchad à l’étranger et la pénurie du gaz butane sont les sujets commentés par les journaux nationaux.
« Faux diplômés de la fonction publique : comment en est-on arrivé là », s’interroge La Voix qui assure que la nouvelle n’a surpris aucune personne saine d’esprit. « La fonction publique tchadienne est truffée d’agents ayant des diplômes et titres douteux. C’est une évidence de notoriété publique. Ainsi, les premières conclusions du rapport à mi-parcours du cabinet d’audit avance un nombre de 1904 agents présumés détenteurs de faux diplômés et titres sur 9046 dossiers audités », ajoute l’hebdomadaire qui relève qu’à la base du phénomène, il y a le clientélisme, le népotisme et la corruption. « Il est davantage exacerbé par les nombreuses rébellions que le pays a connues, mais aussi la prolifération des structures privées de formation », explique-t-il. « 1991 fonctionnaires rayés de la paie de mars », renchérit N’Djaména hebdo qui rappelle que les simulations effectuées sur le salaire feraient des économies de 5 milliards de francs Cfa par an à l’Etat tchadien. « Mais la liste n’est pas encore close », annonce l’hebdomadaire qui ajoute qu’après la publication encore provisoire de la liste des présumés détenteurs de faux diplômes, le cabinet d’audit international commis pour la tâche serait entré dans la clandestinité. « Une âpre recherche teintée de menaces est lancée sur les traces de ses membres, qui selon certaines indiscrétions se seraient même déjà retirés, par peur des représailles », complète-t-il.
« Kodi Mahamat Bam : neutre vraiment ? », s’interroge La Voix qui rappelle que la neutralité du président de la Céni, considéré comme le rare oiseau est d’ores et déjà, la pompe de discorde entre l’opposition et la majorité. « L’oiseau rare devant conduire les futures opérations électorales est déjà déniché. Il se nomme Kodi Mahamat Bam. C’est sur cet enseignant bien connu des milieux universitaires que le cadre national de dialogue politique (Cndp) a jeté son dévolu », décrit l’hebdomadaire. Selon La Voix, sur le papier, tout est parfait autour de la désignation du coordinateur du réseau des organisations de la société civile pour des élections transparentes (Resocit), à la tête de la Céni. « Dans les couloirs du Cndp, il se susurre que le mouvement patriotique du salut aurait beaucoup manœuvré pour arriver à cette fin », ajoute La Voix. Compte tenu de la contestation de la désignation par l’opposition politique du président de la Céni mais aussi de tous ses membres, l’hebdomadaire assure qu’il y a de l’électricité dans l’air. « A moins que l’opposition ne revienne aux meilleurs sentiments », conclut-il. « >Kodi est-il le fruit d’un consensus ? », renchérit N’Djaména Hebdo qui rappelle que quelques jours seulement après cette désignation, le Fonac demande à toutes les partis politiques de prendre les dispositions pour boycotter le processus électoral enclenché. « Finalement, on ne comprend pas je jeu de l’opposition politique qui siège au Cndp et a même participé au vote consensuel du président de la Céni. Mais une chose est certaine, l’enthousiasme qu’à affiché la majorité présidentielle suite à la désignation de Kodi, exprime sans doute le fait que le Mps au pouvoir n’est bien assuré de la pérennité de ses acquis électoraux », ajoute l’hebdomadaire qui rappelle : « d’ailleurs, son secrétaire général, qui n’est personne d’autre que l’actuel président du Cndp, a bien déclaré dans nos colonnes qu’il n’organise pas les élections pour les perdre ». « L’opposition prépare sa défaite aux législatives », annonce Le Pays qui précise que le processus électoral a connu une subite accélération avec la nomination du président de la Céni. « L’occasion pour l’opposition de se livrer à son sport favori, se tirer entre les pattes et ne pas se consacrer à l’essentiel. Le communiqué de presse du chef de file de l’opposition Saleh Kebzabo a sonné la discorde entre les 15 représentants de la Ceni au sein du conseil national du dialogue politique (Cndp) », ajoute votre hebdomadaire qui informe que dès le lendemain, neuf des quinze membres de la composante opposition du Cndp prennent le contrepied du communiqué de Saleh Kebzabo. « Pour l’opposition, ce qui se passe est un mélodrame qui malheureusement se répète à chaque cycle. On se chamaille, on se tire entre les pattes oubliant presque que le but ultime, c’est d’être là, prendre un point après l’autre pour, à la fin, remporter le scrutin », poursuit Le Pays. Selon l’hebdomadaire, une bonne partie des membres du Cndp a participé au scrutin qui a désigné le Dr Kodi Mahamat Bam. « Sur les 21 candidats en lice, l’enseignant Kodi Mahamat Bam est le seul à se démarquer. Il est arrivé en tête avec dix-sept (17) voix contre Guéalbaye Manasset (5voix), Michaël Didama (4 voix), etc. Les électeurs ont évalué les candidats sur les critères de la compétence, l’expérience, l’intégrité morale et la hauteur de vue ».
« Colère dans les ambassades, faut-il s’en inquiéter », s’interroge La Voix qui relève qu’à N’Djaména dans la capitale, les autorités s’en mordent les doigts que ces ’’délinquants’’ agissent sous des cieux qui permettent trop de liberté. « Le pouvoir de N’Djaména va devoir faire avec la nouvelle stratégie de contestation des Tchadiens vivant en Occident. Il est de notoriété mondiale qu’il est impossible aux Tchadiens d’user de leur droit constitutionnel, celui de manifester pour faire entendre leurs revendications politiques, économiques et sociales », ajoute-t-il. Selon cet hebdomadaire, ces jeunes ont reçu de soutien et non des moindres. « Le même jour, des Français se sont réunis devant le commissariat où ils étaient gardés à vue pour demander leur libération. En outre, Eric Coquerel, un député de la Seine-Saint-Denis, a publié un communiqué pour demander la relaxe des militants tchadiens », informe-t-il. Face à cette situation, « Ambassades du Tchad à l’étranger : barricadez-vous », lance Le Pays. Selon votre hebdomadaire qui publie en fac-similé, la lettre du directeur général du ministère des affaires étrangères aux ambassades du Tchad à l’étranger. « Après les inventions des Ambassades du Tchad à Paris et à Ottawa par des activistes tchadiens, le directeur général du ministère des affaires étrangères et de l’intégration africaine, Madou Fatchou a cru bon de devoir demander à nos représentations à l’extérieur de prendre des précautions d’usage », note-t-il.
« Raffinerie de Djarmaya : voici comment la pénurie du gaz est arrivé », présente La Voix en images d’une part les enfants allongés sur des bonbonnes de gaz et d’autre part Mme Valérie Commelin, directrice générale adjointe de la société de raffinage de N’Djaména. « Tout s’est passé entre la nomination le 21 février de la directrice générale adjointe de la raffinerie, Valérie Commelin pour veiller sur les intérêts tchadiens face aux requins chinois et de la décision, non respectée, de la présidence de reporter la maintenance faute de stocks suffisants », estime-t-il. Selon cet hebdomadaire, la situation actuelle est le résultat d’une mauvaise organisation des responsables de la raffinerie, pointant du doigt l’inexistence d’un dépôt de stockage. « A ce jour, il n’existe aucun dépôt pouvant recevoir des stocks à même d’alimenter tout le pays pendant 45 jours. Après avoir entrepris plusieurs fois de construire un dépôt, rien n’est toujours sorti du chantier dont la pause de la première pierre est déjà faite », déplore-t-il. « Le paradoxe », renchérit Le Pays qui présente à la Une le chef de l’Etat tchadien qui tient en main un chèque de trois millions (prix remporté par son cheval lors du Ficsa ) faisant ainsi le point entre le calvaire de la population tchadienne en raison de cette pénurie et la joie à Amdjarass lors du festival international des cultures sahariennes. « Comment ne pas s’indigner quand à côté de ce spectacle s’affiche celui des hommes et femmes, épuisés par la canicule de ce mois de mars, parce que obligés de passer des journées entières à parcourir la ville à la recherche du gaz butane pour cuire leur aliment ? C’est ce que le peuple à beau trimer, souffrir rien ne préoccupe notre gouvernement qui comme l’ancien chancelier allemand a réussi à annihilé toute capacité d’indignation », ajoute Le Pays qui conclut que : « cela est vrai, les Tchadiens ne sont pas des Algériens ».
Stanyslas Asnan