Edito

Amdjarass festoie pendant que le Tchad soupire

Amdjarass festoie pendant que le Tchad soupire 1

Un politique, fin connaisseur du système Tchadien que fréquente l’auteur de ces lignes a partagé cette anecdote pour illustrer la situation que traverse le peuple tchadien en ce moment. Lisons : « On raconte que lors d’une de ses réunions, Hitler a demandé qu’on lui apporte une poule. Il l’a attrapée fort d’une main pendant qu’il la plumait de l’autre. Se débattant de douleur, la poule a voulu fuir, mais elle n’a pas pu car l’étreinte était au-dessus de ses forces. Après avoir complètement plumé la poule, Hitler a ramassé toutes les plumes en disant à ses collaborateurs : « Maintenant, regardez ce qui va se passer. Il lâcha la poule sur le sol et s’ éloigna d’elle. Il prit une poignée de grains de blé, commença à marcher dans la pièce en jetant les grains de blé sur le parquet derrière lui.
Ses collaborateurs, interloqués, constatèrent que la poule, bien qu’effrayée et saignant, suivait avec douleur, mais docilement son bourreau pour picorer les graines qu’il laissait tomber derrière lui en tournant dans la pièce.
S’adressant alors à ses acolytes surpris, Hitler leur dit : « Ainsi, vous venez de voir de quelle manière on gouverne facilement les peureux, les lâches ou les faibles. Vous avez vu comment la poule m’a suivi, malgré la douleur que je lui ai causée? Je lui ai tout pris…, les plumes et la dignité, mais elle me suit quand même en quête de remoulages. Ainsi, la plupart des gens, en quête de quelques miettes (nourriture pour un ou deux jours, un habit, une bière) suivent leurs gouvernants et politiciens, malgré les mensonges, les promesses non tenues et la peine que ceux-ci leur infligent en leur ôtant la santé, l’éducation et la dignité. Le peuple suit toujours celui qui lui donne les miettes du jour ».
L’anecdote colle avec l’indifférence de ces dernières semaines face à une pénurie de gaz qui aurait provoqué des émeutes sous d’autres cieux. Pendant que les familles à travers tout le Tchad remuent ciel et terre pour trouver ne ce reste qu’une bouteille de gaz pour cuire de quoi mettre sous les dents, des images venant de l’autre bout du Tchad, d’Amdjarass précisément montrent des scènes de liesse pendant lesquelles des billets de banque jetés sur des danseurs… Le fait n’est pas nouveau même si la 5ème édition du festival international des cultures sahariennes (Fisca) a eu lieu dans un contexte sécuritaire et politique compliqué. Les organisateurs ont eu le mérite de tenir le pari de ce rendez-vous qui valorise la culture et le savoir-faire des peuples nomades du Sahara Tchadien.
Mais comment ne pas s’indigner quand à côté de ce spectacle s’affiche celui des hommes et femmes, épuisés par la canicule de ce mois de mars, parce que obligés de passer des journées entières à parcourir la ville à la recherche du gaz butane pour cuire leurs aliments ? C’est à croire que le peuple à beau trimer, souffrir rien ne préoccupe notre gouvernement qui comme l’ancien chancelier Allemand a réussi à annihiler toute capacité d’indignation. Cela est vrai, les Tchadiens ne sont pas des Algériens.
La Rédaction