Le remue-ménage au sein de l’appareil sécuritaire, la 14ème session ordinaire des chefs d’Etat de la Cemac, les tracasseries pour les élections législations et communales et l’effondrement de la compagnie sucrière du Tchad sont les sujets commentés par les organes de presse tchadiens.
« Déby réaménage son système sécuritaire », lance Le Visionnaire qui précise qu’à peine deux mois à la tête de l’armée de terre, le général Taher Erda a été promu chef d’état-major général des armées (Cemga) au terme du décret 311/PR/2019. « Le même décret balaie complètement les premiers responsables de l’état-major général des armées. Un autre fait un remue-ménage au cabinet militaire du président de la République », précise l’hebdomadaire qui s’interroge : « qu’est-ce qui obligerait Idriss Déby Itno à repenser son système sécuritaire » ? Pour lui, tout serait parti de l’attaque des drogués de la secte Boko-Haram dans la localité de Dandala, province du Lac-Tchad faisant 23 morts et de nombreux blessés. « Remue-ménage militaire : le sommeil tranquille est-il encore de mise ? », s’interroge Abba Garde qui précise que le calme dont veut faire montre le pouvoir est précaire. « Lors du meeting du 15 février dernier, Déby et ses acolytes ont demandé aux Tchadiens de ’’dormir tranquille’’, car il n’y a plus de danger. Si la menace rebelle a été écartée, celle de Boko-Haram est toujours présente », ajoute-t-il. Face à cette situation, Le Pays appelle à « redonner au soldat tchadien sa dignité ». Selon votre hebdomadaire, « c’est pour la première fois que l’armée tchadienne essuie une débâcle ce 22 mars 2019 devant les islamistes de Boko-Haram. Les faits pas suffisamment détaillés indiquent selon nos sources que le détachement de l’armée déployée sur ce bras du Lac-Tchad était composé d’hommes en opération depuis très longtemps et qui étaient en sous-effectif (autour de 70) face à un ennemi visiblement renseigné et en surnombre (autour de 400) ». Selon lui, le bilan est lourd, 23 soldats tués, 4 blessés, du matériel militaire emporté et surtout aucun corps de djihadiste retrouvé. « L’affront est tel que le chef de l’Etat a dû limoger le chef d’état-major général des armées et ses deux adjoints. Ils ont été remplacés par un trio de baroudeurs dont la hargne au combat n’est plus à démontrer », ajoute-t-il.
« La Cémac et les démons de la mal-gouvernance », lance Le Pays qui précise que cette région est victime, à l’image des pays qui la composent de la mal gouvernance politique. « Les principales institutions de l’organisation sont dirigées par des membres de la famille des chefs d’Etat (Beac et Bdeac). Chose qui rend insoluble les conflits entre patrons comme c’est le cas en ce moment », informe-t-il. « Déby se souviendra d’un mandat casse-tête », lance N’Djaména Hebdo qui précise que l’action phare du désormais ex-patron de la Cémac qui est la libre circulation des personnes et des biens, son propre pays peine à matérialiser les mesures d’accompagnement. « A l’image du Gabon, le Tchad ne met toujours pas en circulation son passeport biométrique Cémac homologué, alors que le Cameroun, le Congo, la Rca et récemment la Guinée Equatoriale se sont conformés à cette mesure sous-régionale », ajoute-t-il. Selon N’Djaména Hebdo, c’est aussi sous le mandat de Idriss Déby Itno que la situation sécuritaire de l’Afrique centrale s’est fortement dégradée. « Dans presque tous les pays membres, les conflits armés mettent à rudes épreuves la circulation des personnes et des biens, levier de l’intégration économique. Le cas de la secte Boko-Haram qui étend chaque jour un peu plus sa superficie dans la zone du Lac-Tchad demeure un véritable défi pour la Cémac », relève-t-il.
« 14ème session ordinaire de la Cémac : les chefs d’Etat face aux enjeux sécuritaires », lance Le Visionnaire qui annonce qu’il s’agit de libérer encore et encore les limites frontalières entre ces six pays, parmi lesquels certains sont quasiment austères à l’intégration régionale effective. « Sans risque de se tromper, peut-on citer nommément le Gabon et la Guinée Equatoriale. Lors des précédents sommets, cette question de libre circulation des personnes et des biens a été évoquée avec à la clé l’élaboration du passeport Cémac. Sauf que dans la pratique, ce sujet ne compte que pour du beurre », déplore-t-il. « Le calvaire des voyageurs tchadiens et camerounais », renchérit La Voix pour déplorer la libre circulation des personnes et des biens dans zone Cémac, qui selon lui, est une belle illusion. « La libre circulation déclarée apparaît plus comme un discours politique qui ignore royalement les réalités de nos routes poussiéreuses et insécurisées qui vont de N’Djaména à Yaoundé en passant par Maroua, Garoua et N’Gaoundéré. Les Tchadiens éprouvent toujours les mêmes difficultés lorsqu’ils se retrouvent à voyager au Cameroun. Si pour voyager par les airs, il n’est plus besoins d’un visa pour se rendre à Yaoundé, l’obstacle reste entier pour les voyageurs terrestres. Tout commence ici au commissariat central de N’Djaména où on délivre le fameux laissez-passer », ajoute-t-il.
« Incertaines élections en 2019 », lance Le Visionnaire qui rappelle que le chef de l’Etat tchadien Idriss Déby Itno avait annoncé lors de son traditionnel message à la nation la tenue des élections législatives et communales. « Dans la faisabilité, est-ce qu’il est possible d’organiser les élections dans le délai annoncé par le président de la République », s’interroge l’hebdomadaire qui annonce que : « mathématiquement, il sera difficile, sinon, impossible de tenir ce pari. Certes, avec la désignation du président de la Ceni et l’adoption du code électoral en conseil de ministres du 26 mars 2019, la course à la montre sera certainement enclenchée mais des contraintes de taille se dressent sur le chemin de la nouvelle Ceni ». L’hebdomadaire reconnait que rien ne peut arrêter la machine (Ceni) mais, relève-t-il, « le cours de choses nous montrent que le tourbillon risque de rendre la tâche difficile. Le temps court à grande vitesse. Nous sommes en fin mars, il ne restera que trois mois pour que la Ceni respecte le délai qui lui est imparti comme l’aurait voulu, le chef de l’Etat à travers sa déclaration de la Saint-Sylvestre 2018 ». « Législatives : la guerre a déjà commencé en pays Moundang », lance Le Pays qui présente les trois acteurs de la scène politique dans la province du Mayo-Kebbi Ouest. Selon votre hebdomadaire, le secrétaire national aux groupements sociaux professionnels du parti au pouvoir, Me Jean-Bernard Padaré, en séjour dans sa province natale a fait sortir les armes fourbies depuis belle lurette. « Le passage de Me Jean-Bernard Padaré a été marqué par des ralliements des militants de l’Undr de Saleh Kebzabo mais aussi du Rndt-Le-Réveil. En plus d’avoir perdu des militants, le parti de la calebasse a perdu membres fondateurs, Paboung Dagou et Keba Ouedo ainsi qu’un député, l’honorable Djibrine Adoum Kattir », précise-t-il. A travers cet acte, le Mps, à travers Padaré met le Rndt-Le-Réveil dans le camp de l’opposition et prive ainsi l’Undr d’un argument politique souvent ressassé.
« De crise en crise, la Cst s’effondre », informe Abba Garde qui précise que la compagnie sucrière du Tchad fait face à une concurrence déloyale entretenue à un plus haut niveau. « 36.000 tonnes de sucres invendus et 5.500 tonnes restent à produire. Elle ne vend plus son sucre depuis huit mois et les tensions de trésorerie risquent de la contraindre à tout arrêter », ajoute-t-il. Selon le trimensuel, le calvaire de la Cst est imposé par des lobbys puissants qui se sont abusivement servi de la libéralisation de l’importation et de la commercialisation du sucre en 2008. « Cette mesure, en son temps prise par le ministre des finances pour combler la production de la Cst jugée insuffisante pour satisfaire la demande nationale. Parti des régions de l’Est, le sucre soudanais inonde à ce jour les marchés de toutes les villes du pays et vendu à un plus bas prix que celui de la Cst. A côté du sucre soudanais, il y a aussi du sucre importé de la Thaïlande, Libye, du Brésil, de l’Afrique du Sud et de certains pays d’Europe », rappelle le trimensuel qui annonce que des arrêtés ont été pris mais restent inappliquées. « La Cst menacée de fermeture », renchérit N’Djaména Hebdo qui ajoute que la compagnie sucrière du Tchad qui est asphyxiée par une concurrence déloyale de plus de plus forte, peine à liquider ses produits et risque de fermer on unité de production. « Tous les indicateurs sont au rouge. A la mi-mars, la compagnie a dû cesser d’arroser les cannes, parce qu’il fallait payer les salaires du mois de février> », précise l’hebdomadaire qui relève que la situation que traverse la Cst est connue de tous depuis des années. « Sa production de Banda, dans la province du Moyen-Chari, est loin de satisfaire la demande nationale qui augmente chaque année et qu’on peine à cerner. Pour combler ce gap, le ministère des finances avait libéralisé en 2008 l’importation et la commercialisation du sucre. Cette libéralisation est devenue effective en 2012. Des entreprises et des individus ont ainsi pris d’assaut le secteur, ils font entrer au Tchad du sucre par la fraude, profitant de réglementations favorables des pays d’origine et d’une faible contrainte fiscale à l’entrée. Début 2019, une mission interministérielle a sillonné une dizaine de ville du sud pour sensibiliser les autorités administratives provinciales sur l’application de l’arrêté no 3 du 18 janvier 2019 portant interdiction de la commercialisation dans la zone méridionale », rappelle N’Djaména Hebdo qui regrette que cet arrêté soit foulé aux pieds par plusieurs autorités provinciales.
Stanyslas Asnan