Le soutien de l’armée l’air française au pouvoir en place, le crash de l’hélicoptère de l’armée nationale tchadienne et le salon africain de l’agriculture sont les sujets commentés cette semaine par les organes de presse.
« Cent dix-neuf ans de domination par l’impérialisme français », lance N’Djaména Hebdo qui précise que toutes les déclarations, tant par Paris que par ses valets locaux au pouvoir à N’Djaména pour justifier le bombardement par des mirages français d’une colonne de l’Ufr ne sont en réalité qu’un chapelet de mensonges. « Des prétextes fallacieux, des arguties à deux balles, des pis-aller utilisés pour la circonstance pour tromper l’opinion », fulmine l’hebdomadaire qui précise que ce n’est pas la 1ère fois que la France se permet d’investir ainsi brutalement dans les affaires politiques du Tchad. « Quand Jean Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères françaises, qui est à tu et à toi avec Idriss Déby prétend que la récente intervention militaire française aurait été ’’conforme au droit international’’, il faut comprendre qu’il s’agit du droit du plus fort, celui que s’arroge coutumièrement l’impérialisme français pour dicter sa loi dans ce pays, décider seul de la marche des événements, changeant, imposant des dictateurs à sa solde pour défendre ses intérêts contre la volonté des populations opprimées< », dénonce-t-il. « La France n’aime pas le peuple tchadien », renchérit Le Pays qui déplore le silence de l’Élysée depuis l’éradication de la menace rebelle début février. « Paris qui a justifié son intervention par le risque d’une déstabilisation du sahel a envoyé de nouveaux signaux montrant que seule la lutte contre le terrorisme figure en bonne place dans son agenda. En effet, de nouveaux avions sont venus renforcer le dispositif de surveillance aérienne. C’est dire que N’Djaména a les yeux grands ouverts sur le désert et plus rien ne pourra lui arriver par surprise. Depuis la fin des opérations militaires et la brève exhortation de Jean-Yves Le Drian invitant le gouvernement tchadien à améliorer sa gouvernance, rien », note-t-il. Selon votre hebdomadaire, « pendant ce temps, le pouvoir lui s’est engagé dans une logique répressive contre tous ceux qui ont osé dire que ceux qui tentaient de marcher sur la capitale sont des Tchadiens qui ont choisis l’option de la violence parce que la voie des urnes reste un vœu pieux. Certes, l’Ambassadeur de France a dû intervenir pour empêcher l’arrestation des hommes politiques. Mais la France n’a pu rien faire de plus laissant la classe politique à la merci d’un régime qui n’a de démocratique que les apparences. Un an après le forum national inclusif, on ne voit point l’ombre d’une modernisation de l’administration dont les performances dégringolent au jour le jour ». « La France : cette amie mal aimée », renchérit La Voix qui précise que la page n’est pas encore tournée sur les frappes de l’armée de l’air française. « L’armée française, présente au Tchad de manière quasi permanente depuis l’indépendance en 1960 a été amenée à intervenir à plusieurs reprises pour sauver le fauteuil du président Idriss Déby », ajoute l’hebdomadaire qui prévient que le monde a évolué. « Et avec cette brusque résurgence du sentiment antifrançais, la France a peut-être intérêt à revoir sa copie. Il est temps de recentrer les relations franco-tchadiennes autour des intérêts du peuple et non pas d’un système. Plutôt ça sera fait, mieux ça sera », persiste La Voix.
« Les ambitions de Safagri », lance N’Djaména Hebdo qui se demande si « l’Afrique sahélienne peut-elle nourrir ses populations » ? Au cours de ce salon, poursuit l’hebdomadaire, des panélistes issus d’organisations internationales et gouvernementales des pays du Sahel se sont relayés pour communiquer des messages principalement axés sur l’importance du secteur agricole dans le développement socioéconomique d’une sous-région exposée aux défis climatiques et sécuritaires. « Une sous région sur l’étendue de laquelle l’immense potentialité agro-sylvo-pastorale n’a paradoxalement aucun effet favorable dans le quotidien de ses populations. En effet, dans l’ensemble des pays membres du Cilss, de nombreux défis et goulots d’étranglements y sévissent, créant des conséquences fâcheuses qui se résument en pauvreté endémique, famine, crises sécuritaires et humanitaires, endettement excessif », ajoute-t-il. Mais, relève N’Djaména Hebdo, les conclusions de ce salon indiquent clairement que la prochaine étape est l’industrialisation et la libéralisation de nos produits. « Ce qui nous conduira d’une part à satisfaire nos propres besoins et d’autre part, à fournir des produits de qualité pour le marché international », rapporte-t-il. « Safagri : le pari tenu », note La Voix qui précise que ce salon vise à stimuler les politiques nationales et régionales de transformation des chaines de valeurs agricoles en Afrique de l’Ouest, du centre et du nord face aux défis économiques climatiques et sécuritaires. « C’est un signe que l’Afrique peut nourrir l’Afrique », s’est réjoui le président burkinabé, Rock Marc Christian Kaboré.
« Où est l’hélicoptère de l’Ant ? », s’interroge Abba Garde qui aligne les hypothèses: « les membres de l’équipage auraient rallié un mouvement rebelle, l’avion se serait écrasé hors du Tchad, les rebelles l’aurait abattu et sa disparition serait organisée de l’intérieur ». Selon le trimensuel, l’entourage des membres de l’équipage évoquent sous le coup de la colère un probable coup monté par certains membres du cercle du pouvoir pour solder les comptes à certains officiers du clan présidentiel « accusés dans les coulisses d’être en intelligence avec la rébellion de Timan Erdimi qui a tenté de faire une incursion sur le territoire national le 02 février dernier ». « L’hélicoptère de l’Ant reste introuvable », renchérit Le Progrès qui informe que les recherches de l’Armée nationale tchadienne, appuyées par l’aviation française et américaine n’ont donné aucun résultat sur la disparition, le mercredi 13 mars dernier. « Les recherches se poursuivent. Nous n’avons pas plus de détails à livrer », coupe court, un haut responsable de sécurité interrogé par le quotidien.
Stanyslas Asnan