Edito

Le Mps se renie

Le Mps se renie

S’ils sont conséquents, les militants du Mouvement patriotique du salut (Mps) cesseront, à partir de ce mois de février 2019 de revendiquer la paternité de la démocratie et de la liberté. En témoignent les termes du discours du secrétaire général du parti, Mahamat Zène Bada appuyé par celui du chef de l’Etat lors du meeting de soutien organisé le vendredi 15 février dernier.

 

Pour le parti au pouvoir, les chefs de partis et leaders des associations de la société civile qui ont osé condamner l’intervention française contre la colonne de l’Union des forces de la résistance sont «la troisième roue de la charrette » et méritent de ce fait d’êtres pendus haut et court ! « Nous savons lire les textes, nous allons demander la dissolution de ces partis. Nous nous en occupons », a lancé sur le ton de la menace Mahamat Zène Bada…

Depuis une semaine, les juristes de service fouillent et refouillent le corpus juridique pour y dénicher le moindre prétexte pour sanctionner ceux qui ont osé dire qu’il n’y a point de terroristes mais des Tchadiens (certains de la même famille que le chef de l’Etat) qui ont pris les armes à défaut d’ouverture politique. Dans cette recherche, les textes sur la presse ne sont pas du reste…

 Que cela soit clair. Personne ne soutient la prise du pouvoir par les armes. Mais fermer le jeu politique et toute possibilité d’alternance comme le fait le régime Déby avec la bénédiction de la France, rend le recours à la violence inéluctable. Ce n’est pas en se comportant de la sorte que le France évitera le chaos au sahel. Au contraire. C’est le sens de notre propos.

Ainsi donc, le Mouvement patriotique du salut qui dit avoir apporté la liberté se retrouve à empêcher aux Tchadiens de dire leurs maux et ce qu’ils pensent de sa gouvernance. De quoi conclure finalement que la démocratie que prétend avoir apporté   le parti à l’oriflamme guerrière n’aura été qu’un leurre parce qu’en son sein, il n’y a point eu d’élection mais des désignations qui ne tiennent qu’au bon vouloir du président fondateur.  C’est le même système qui est dupliqué dans la gestion de l’Etat.

Finalement que vaut une démocratie sans débat contradictoire ? Traîner en justice ceux qui ont osé s’exprimer ne mènera à rien d’autre qu’une décrédibilisation du régime Déby et de la France son principal soutien.  Le pays des droits de l’homme aura été la caution d’une tyrannie menée à l’ombre des lois. Elle est pire celle-là disait Montesquieu !

La semaine qui commence risque d’être marquée par une vague d’arrestations. Loin de préjuger de l’issue de ce qui nous attend, l’on peut conclure tout de même qu’en voulant tuer la liberté d’expression, le parti au pouvoir se débarrasse du dernier élément qui habillait encore notre système politique. On se retrouvera dans un pays avec un hyperprésident, disposant de tous les pouvoirs, comptable devant personne, malgré la malgouvernance ambiante. Et surtout, il ne faut pas le dire, il faut se taire.

La Rédaction