Revue de presse de la semaine du 11 au 17 février 2019
L’attaque des colonnes rebelles de l’Union des forces de la résistance (Ufr), par les mirages français et la rareté des bouteilles butanes à N’Djaména sont les deux principaux sujets commentés par les journaux tchadiens.
« Touchés, mais pas coulés », lance N’Djaména Hebdo qui annonce que la France vole encore au secours du soldat Déby. L’hebdomadaire revient sur les interventions françaises pour secourir le régime en place. « En février 2008, lorsque les rebelles de l’Ufr ont fait le siège de N’Djaména pendant deux jours, il a fallu l’appui de la France, alliée du président Déby pour les stopper in extremis et les repousser. Onze ans après, la coalition rebelle refait surface au Nord-est où il y a tenté, début février, une incursion depuis la Libye », note l’hebdomadaire qui précise qu’au cours de cette intervention française, il n’y a pas eu d’affrontement entre les rebelles et l’armée tchadienne. « Les Français se sont chargés de faire le boulot. Après le coup de semonce pour stopper le raid des troupes de Mahamt Nour Abdelkerim en 2006, après l’appui pour desserrer l’étau de l’Ufr en février 2008, l’allié français vient de voler au secours de soldat Déby », ajoute-t-il. « La France s’immisce », s’exclame L’Observateur qui informe que l’attaque de Barkhane contre les colonnes de l’Ufr crée de divisions. « Zène Bada menace et l’opposition contre-attaque », poursuit cet hebdomadaire qui assure que la menace du secrétaire général du Mps contre les chefs des partis politiques prouve que le Tchad n’est réellement pas un Etat démocratique. « Zène Bada a oublié qu’il y a de cela 30 ans, son ’’boss’’ a été traité de ’’traitre et d’aventurier’’ par l’ex-président. Et comme ceux qui sont aujourd’hui aux affaires oublient facilement les choses, le Sg s’en prend aux Tchadiens qui dénoncent le comportement peu orthodoxe du gouvernement français », déplore-t-il. « La France a-t-elle dépassé les bornes », s’interroge Abba Garde qui qualifie cette attaque d’une ingérence injustifiable. « Les motifs de déstabilisation du Tchad avancés par Paris pour justifier son immixtion dans cette guerre fratricide ne trouve pas justification dans l’état actuel du conflit », relève-t-il. Pour le trimensuel, il s’agit d’un conflit tchado-tchadien dont les pertes peuvent être tchadiennes, même si, relève-t-il, « s’il n’est pas à exclure la présence de combattants étrangers parmi les hommes de l’Ufr, il en était de même pour le Mps à sa prise de pouvoir en 1990 ». Pour lui, la France va beau brandir des arguments de lutte contre le terrorisme mais ne peut convaincre grand monde. « Si des rebellions tchadiennes perdurent pour sévir d’infiltration aux terroristes, la France en est doublement responsable », prévient-il. « Afrique noire d’expression française : Démocratie ’’goto’’ », regrette L’Observateur citant Jean Jacques Rousseau : « il n’a jamais existé de véritable démocratie et il n’en existera jamais », ajoute-t-il. Pour l’hebdomadaire, « tant que l’Union Européenne continuera à financer l’Union Africaine, on sera toujours au point de départ zéro, car il n’y aura pas d’effective indépendance ».
« Unité nationale en péril », s’exclame Abba Garde qui estime que le président Déby conduit le pays à un effondrement du fait de ses propres actes. « Les décrets de nominations aux fonctions de l’Etat ne reflètent pas l’image du Tchad réconcilié dont on s’en orgueillit. La chère géopolitique, acceptée de tous, a disparu. Plusieurs régions du pays ne sont pas représentées dans les instances dirigeantes du pays », déplore le trimensuel qui ajoute que sur les 33 membres du gouvernement, l’on ne compte que 5 chrétiens/animistes et seulement 2 gouverneurs sur les 23 provinces. « La sortie de Monseigneur Edmond Djitangar, Archevêque de N’Djaména, au lieu de rougir les affidés et autres politiciens chasseurs de postes ou en mal de positionnement, doit interpeller la conscience des gouvernants. Idriss Déby doit revoir sa copie s’il veut laisser à la postérité un Tchad véritablement uni. A défaut, les prières pour la paix et autres trouvailles œcuméniques ne seront classées que dans le registre du folklore », interpelle-t-il. « Le Mps et ses alliés s’invitent à la vigilance », poursuit Le Progrès. Selon ce quotidien, le parti au pouvoir appelle ses alliés à utiliser tous les moyens légaux pour empêcher les individus amés à venir déstabiliser le pays. « Des groupes armés se rendent à l’Ant », ajoute-t-il. Selon Le Progrès, la délégation du ministère chargé de la défense a enregistré le jeudi dernier plus de 70 prisonniers. « Par trois vagues, plus de 250 éléments de l’Ufr, dont 4 principaux chefs, se sont rendus, ce vendredi 8 février à Bao, dans la province de Ennedi Est et seraient d’après des sources militaires, en train d’être acheminés vers la prison de haute sécurité de Moussoro », ajoute-t-il. « Des hommes politiques dans le viseur après l’attaque rebelle », annonce Le Pays. Selon les indiscrétions de votre hebdomadaire, deux hommes politiques sont dans le viseur des services de renseignements et pourraient être interpellés dans le cadre de la procédure ouverte pour ’’terrorisme’’ contre les rebelles de l’Ufr. « Les services qui parviennent depuis quelques mois à suivre les échanges sur la messagerie whatsapp ont semble-t-il établit une collusion entre ces politiciens et les frères Erdimi », ajoute Le Pays qui relève que « dans les fièvres médiatiques des premiers jours des frappes françaises, la police judiciaire a failli être actionnée pour convoquer tous les politiciens qui ont condamné l’intervention française. Les propos du chef de l’Etat à la suite de ceux des militants du Mps en disent long ».
« La pénurie du gaz accentue le calvaire des N’Djaménois », lance N’Djaména hebdo qui annonce que « s’il est une situation de crise qui vient s’ajouter aux nombreuses existantes, c’est bien la pénurie du gaz butane à N’Djaména. Elle devient chronique et oblige les gens à sillonner les points de vente de la ville à sa recherche ». Selon le reporter de cet hebdomadaire, cette pénurie prive beaucoup de ménages de repas à la première semaine du mois de février. « Partout, les réserves sont épuisées. Dans les stations-services agrées ou chez les vendeurs de quartiers, aucune information précise sur la carence du gaz se filtre », note N’Djaména hebdo qui informe que les commerçants véreux font de la surenchère. « Le calvaire de la raréfaction d’une énergie domestique industrielle », renchérit Le Progrès qui informe que dans une course derrière un véhicule chargé de bouteilles de gaz, deux acheteurs se crêpent les chignons pour l’achat d’une bonbonne. Selon le quotidien, la rareté de bouteilles de gaz ce dernier temps profite à certains distributeurs et vendeurs. « Ces distributeurs et vendeurs arnaquent les clients. Dans les points de vente, la bouteille de 6 kilogrammes, achetée au prix officiel de 2000 francs Cfa, se vend actuellement à près de 4.000 francs Cfa », relève Le Progrès qui ajoute que « même à ce prix, il faut parcourir plusieurs points de vente, sur de longues distances, pour espérer échanger une bouteille vide ». Selon le trimensuel Abba Garde, des injures, des bousculades et des bagarres sont de lots de scène qui s’observent régulièrement dans les stations. « Certains commerçants achètent le bois de chauffe à Kousseri pour les revendre dans les marchés mais les agents des eaux et forêts et ceux de la police municipale les saisissent. Cette situation pousse certains ménages à utiliser les planches et lambourdes comme combustibles », constate Abba Garde.
Stanyslas Asnan