Revue de presse de la semaine du 28 janvier au 04 février 2019
La semaine passée a été marquée par les hommages aux 10 soldats tchadiens tués au Mali et au décès de l’ambassadeur du Tchad auprès de l’Unesco, Mahamat Saleh Adoum Djérou. Les suites de la visite du premier ministre israélien au Tchad, les changements au sein du gouvernement ont aussi été commentés par les organes de presse.
« Le Tchad rend hommage à ses 10 soldats tués au Mali », annonce Le Progrès qui ajoute que ces martyrs de cette barbarie du siècle ont été inhumés le 28 janvier dernier au cimetière militaire de Farcha. « Peu avant leur inhumation, ces soldats reçoivent au groupement des écoles militaires et interarmées (Gemia) tous les honneurs de la République », poursuit le quotidien qui rapporte: « vaillants soldats, par ce sacrifice suprême, vous avez défendu l’honneur de la nation tchadienne qui vous rend un hommage mérité ».
« Le monde rend hommage aux soldats tchadiens morts au Mali », renchérit L’Info qui informe que l’oraison funèbre s’est déroulée en présence de personnalités onusiennes mais aussi des plus hautes autorités tchadiennes et maliennes. « Au nom du président de la République du Mali et en considération de votre mérite, nous vous conférons la médaille de la croix de la valeur militaire à titre posthume de l’étranger », annonce le ministre malien de la défense, Thiera Coulibaly. « Au nom de la République du Tchad et en vertu du pouvoir qui nous est conféré, nous vous citons dans la croix du mérite du militaire à l’ordre de l’armée avec étoile d’or à titre posthume et aux soldats de 2ème classe à l’ordre de régiment d’étoile d’argent à titre posthume », complète le ministre tchadien de la défense, Daoud Yaya Brahim. « Du sang tchadien continue de couler à flots », déplore La Voix qui totalise une cinquantaine de soldats tchadiens morts dans cette opération onusienne. « Si on ajoute les dizaines de soldats morts au Nord Mali depuis 2013, force est de constater que le Tchad a payé un lourd tribut pour faire barrage aux forces obscurantistes qui veulent désintégrer l’Etat-frère du Mali ». Pour La Voix, cette énième attaque relance le débat sur le retrait des soldats tchadiens du théâtre des opérations. « Au Mali, le Tchad forme le 3ème contingent le plus important de la Minusma avec 1390 hommes. Par ailleurs, 2000 soldats tchadiens sont engagés dans la force multinationale mixte, créée en 2015. Le pays finance toutes ces interventions sur fonds propres », relève l’hebdomadaire qui note : « on ne peut demander à un pays empêtré dans une situation économique et financière et qui sue de tous ses pores pour payer les salaires des fonctionnaires chaque mois, d’investir et de s’investir autant, y compris pour une cause dont personne ne doute de la justesse et de la pertinence ». « Tirer les leçons de Agelhok », prévient Le Pays qui relève qu’au-delà « de l’émotion, des nombreuses voix se lèvent au sein de l’appareil sécuritaire pour demander la révision des conditions des soldats en termes d’équipements. Il y a très peu de blindés et ils ont été obligés de monter une 14,5 sur une ambulance pour se battre », rapporte votre hebdomadaire qui rajoute : « l’autre point à corriger reste la durée de relèves jugée longue et les nouveaux ne sont pas suffisamment débriefés par leurs collègues qu’ils remplacent. La dernière attaque a eu lieu juste à ce moment ».
Un autre hommage cette semaine est consacré à l’Ambassadeur du Tchad auprès de l’Unesco, Mahamat Saleh Adoum Djérou. « Le ’’cube Maggi’’ du Mps s’en est allé », lance L’Info qui constate « la tristesse, la douleur, l’amertume, le chagrin et consternation des parents, amis, anciens collaborateurs et d’imminentes personnalités. Ses compétences professionnelles et ses qualités humaines exceptionnelles sont innombrables », décrit le ministre des affaires étrangères Mahamat Zène Chérif. Selon ce bihebdomadaire, Mahamat Saleh Adoum Djérou est décrit par collaborateurs comme un combattant de la liberté. « Quand le choix des armes s’est imposé à beaucoup de ses compagnons, lui le communicateur n’a pas oublié que le verbe et la plume sont aussi des armes d’un redoutable effet. Il est devenu porte-parole de l’action 1er avril et responsable par la suite de l’organe du parti. Si le Mps peut se targuer aujourd’hui avec fierté d’être un parti de masse, il serait incorrect de ne pas mentionner l’apport inestimable de Mahamat Saleh Adoum Djérou », ajoute le ministre. « Mahamat Saleh Adoum Djérou est inhumé ce mardi », précise Le Progrès. Selon ce quotidien, un deuil de trois jours est décrété sur l’ensemble du territoire. « Le parti perd en lui une bibliothèque. Certes, il nous a quitté mais il restera en nous, car il est l’un de ses militants dont les œuvres resteront éternelles », rapporte-t-il. Le Progrès le qualifiant de militant engagé et de conviction. « Un mérite qui ne peut être conté », relève-t-il.
« Profitons des relations avec Israël », s’exclame Le Visionnaire, qui estime dans une lettre au président de la République que le 1er président, Ngarta Tombalbaye a rompu ses relations avec l’Etat hébreu en 1972 en raison de la montée en puissance des mouvements rebelles tchadiens. « Même si pour nombre de vos concitoyens, à travers le rétablissement de ces relations diplomatiques, vous ne visez qu’une seule chose, la consolidation de votre pouvoir menacé par les mouvements rebelles et les mouvements sociaux, je souhaite de tout cœur que cette relation avec les juifs nous soit véritablement profitable en matière de développement agricole surtout », écrit l’hebdomadaire qui relève que « qu’à l’heure actuelle, seul le retour modernisé au monde rural pourrait permettre de redonner espoir à ces nombreux jeunes, déboussolés à cause de la mauvaise gouvernance, dont fait montre votre régime ». « Israël notre ami », renchérit Le Pays qui consacre deux pages au ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine, de la coopération internationale et de la diaspora, chérif Mahamat Zène. Dans une interview exclusive accordée à votre hebdomadaire, le chef de la diplomatie tchadienne rappelle que « Le Tchad est un Etat laïc et à ce titre, il peut avoir des relations avec tous les Etats du monde épris de paix et de justice, pourvu que cela puisse contribuer au développement de notre pays ». Le ministre assure que le lien entre l’attaque contre le contingent tchadien de la Minusma et la visite du 1er ministre israélien n’est rien d’autre que de la propagande djihadiste. « C’est un effet d’annonce de dire que cette attaque est liée à l’arrivée du premier ministre israélien mais cela n’entamera en rien la détermination du Tchad à rester engagé résolument dans la lutte contre la menace qu’est le terrorisme », clarifie-t-il.
« Aziza Al Béchir débarquée sans être citée », annonce Le Progrès qui précise que Mahamat Koua la remplace au ministère du pétrole et de l’énergie. « Mlle Aziza Mariam Al Béchir n’aura pas eu l’occasion de travailler dans le bureau ministériel qu’elle vient de rééquiper. Moins de dix jours après sa prise de fonction, elle vient d’être débarquée incognito de son poste », ajoute-t-il. Un changement qui relance le débat sur la géopolitique mais surtout sur la prestation de serment. « Finie la géopolitique ? », s’interroge Le Visionnaire qui précise que « désormais, la zone méridionale qui comprend sept grandes provinces n’est représentée que par cinq cadres dans le gouvernement, composé de 31 membres ». L’hebdomadaire affirme qu’il s’agit « d’une première dans l’histoire du Tchad indépendant ». Le Visionnaire s’interroge : « qu’est ce qui expliquerait ce brusque ce revirement » ? « C’est le serment confessionnel imposé dans la 4ème République qui serait à l’origine de cette exclusion des cadres de la zone méridionale, majoritairement chrétiens de la gestion des affaires de l’Etat », conclut cet hebdomadaire. Selon lui, certains chrétiens consultés refusent le poste ministériel pour la simple raison qu’ils doivent prêter serment confessionnel, contraire à leur foi. « Ne soyons pas surpris de voir dans les jours à venir un gouvernement 100% des musulmans », prévient Le Visionnaire. « Entre Déby et Dieu », renchérit Le Pays qui informe que « l’archevêque de N’Djaména, Monseigneur Edmond Djitangar Goetbe a remis une couche sur la position de l’Eglise face au serment confessionnel. Ce fameux serment confessionnel n’a pas sa place dans la constitution d’un Etat laïc. Ce serment confessionnel qui n’a confessionnel que de nom parce que abusivement on a dit que toutes les autorités religieuses ont été d’accord pour le faire alors que c’est faux », s’irrite le prélat qui précise que « si les chrétiens nous pouvons être exemplaires dans la gestion du bien commun, dans l’honnêteté et la loyauté, nous n’avons pas besoin qu’on nous impose un serment. Je demande à tous les chrétiens qui ont une responsabilité, qu’on les écarte parce qu’ils n’ont pas fait le serment, qu’ils montrent qu’ils sont chrétiens. Même s’ils sont subalternes, ils doivent la manifester », martèle Mgr Edmond Djitangar.
Stanyslas Asnan