« La mauvaise gouvernance brise le tissu social », observe les évêques
Dans son traditionnel message de noël rendu public ce vendredi 14 décembre 2018 à travers une conférence de presse, la conférence épiscopale du Tchad (Cet) insiste sur la mauvaise gouvernance qui constitue un facteur de blocage du vivre ensemble.
« Tous frères dans la maison commune », c’est le thème principal du message de noël de la conférence épiscopale du Tchad, édition 2018. « Alors que nous marchons vers noël, fête de la rencontre de Dieu et de l’humanité à travers le mystère de la naissance de Jésus, nous portons un regard de pasteurs sur notre église et notre pays », justifie la conférence épiscopale du Tchad.
Les religieux se disent préoccupés par la dégradation des relations entre les Tchadiens, trahissant leur désir intime de concorde et de cohabitation pacifique avec le voisin dans une nation fondée sur la fraternité et la solidarité. Face à cela, ils ne cesseront de prier pour la paix et la cohabitation, note le président de la conférence épiscopale, l’Archevêque de N’Djaména, Edmond Djitangar Goetbe, « Même si beaucoup de personnes estiment que la journée nationale de prière pour paix, la cohabitation pacifique et la concorde nationale est un folklore ». « Vivre l’unité nationale appelle tout Tchadien à construire avant tout la fraternité. Si cette volonté manque, il faut la susciter en créant une solidarité nationale plus agissante », indique le message. C’est en cela que le Tchad parviendra à une émergence.
Les religieux déplorent le fait que, « le contexte géopolitique actuel apparaît comme un recul qui ne favorise pas la fraternité ». En effet, les conflits inter-communautaires sans vraie solution, l’accaparement de terre, la violation des espaces sacrés traditionnels, l’impunité, la corruption, le népotisme, le radicalisme religieux et la confusion des rôles entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire sont autant des obstacles pour la cohabitation pacifique.
Enfin, les religieux dénoncent la mauvaise gouvernance dans notre pays, devenue une règle. Selon eux, cette pratique crée des mécontents, engendre des tensions sociopolitiques et brise le tissu social. « Le mérite et la culture de l’excellence sont remis en question. Les critères d’attribution des postes de responsabilité n’obéissent souvent pas aux principes de compétence et d’honnêteté. Nous nous étonnons que les louables efforts d’audit des diplômes qui avaient si bien commencé soient interrompus. La pratique du faux semble ne plus gêner personne », souligne les religieux.
C’est pourquoi, « nous invitons les dirigeants et les hommes politiques de ce pays à une volonté patriotique afin de favoriser le vivre ensemble », conseille Mgr Martin Waingué, Evêque de Doba. « Que chacun, dans l’exercice de ses responsabilités se laisse animer par la volonté patriotique de donner la chance à tous les Tchadiens de s’accepter », conclut la conférence épiscopale du Tchad.
Asnan Non-Doum Saturnin