Edito

Edito N° 107

Edito N° 107 1

La guerre de l’or aura bel et bien lieu

Idriss Déby Itno a donc choisi l’affrontement pour régler ce qu’il convient d’appeler la question Toubou. Une question à deux volets : Un découpage administratif contesté mais   surtout une population qui refuse l’exploitation de l’or par des entreprises ayant bénéficié de permis de la part du gouvernement central.

C’est la principale signification du remaniement gouvernemental de samedi dernier. Beaucoup ont estimé que la mutation de Ahmat Mahamat Bâchir au ministère du commerce, des mines et du développement industriel était une rétrogradation. Que nenni ! Idriss Déby a décidé de lui confier le dossier Toubou sur lequel son prédécesseur, Youssouf Abbasala usait de diplomatie. Le trio Bachir-Abali-Daoud est formé pour faire la guerre.

Depuis plusieurs mois, le gouvernement a cherché à organiser sans succès un forum sur la gestion des ressources minières de la région. Une mission commanditée sur place a émis des réserves sur la faisabilité du projet en raison de l’absence de structures d’accueil mais surtout du refus catégorique des autochtones de voir arriver des entreprises pour exploiter ‘’leur’’ richesse.

Un sentiment qui traduit l’échec en matière d’intégration nationale. Plus grave, la guerre autour de l’or de Miski prend des allures d’un affrontement entre gorane et zagawa. Pour en rajouter à la confusion, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (Ccsmr) annonce être en guerre contre le régime de N’Djaména après les deux accrochages de samedi et mardi dernier.

Selon nos informations, l’armée s’est repliée de Miski et attend de lancer une nouvelle offensive. Entre les comités d’autodéfense, les rebelles et autres esclavagistes, le Tibesti risque dans les jours et semaines à venir de devenir un champ de combat à l’issue incertaine. 

Il est bien dommage que le pouvoir ait choisi la violence face à la communauté Toubou au lieu de la rassurer quant à la destination de l’or qui se ramasse à fleur de sol. Il aurait suffi de respecter la démarche classique en matière de procédures dans les industries extractives. Consulter à travers des réunions publiques, mener des études d’impacts et impliquer les populations auraient permis de faire l’économie d’une guerre qui ne sera que mortifère et dépensière. Mais à l’évidence, le langage de la force et de la brutalité semble faire partie de l’Adn du régime en place.

Le Tchad retombe ainsi dans le cycle de la violence politique comme nous le craignions fin octobre (voir Le Pays n°105). Un recul qui n’est rien d’autre que la conséquence de la mauvaise gouvernance et de la fermeture du jeu politique. Dommage…

La Rédaction