Edito

Edito N° 102

Edito N° 102 1

Vous avez dit relance ?

Deux évènements majeurs sont attendus cette semaine. Le vol inaugural ce lundi 1er octobre de la nouvelle compagnie nationale, Tchadia airline, détenue à 51% par l’Etat et la tenue de la semaine de la relance économique, organisée par la chambre de commerce, de l’industrie, de l’agriculture, des mines et de l’artisanat (Cciama).

En temps normal, de tels évènements augureraient un bon début du dernier trimestre pour une année qui a été éprouvante pour les Tchadiens en général et surtout les opérateurs économiques dont la grande partie des activités est tributaire de la commande publique. La chute des cours du brut mais aussi d’autres facteurs ont plombé le faible tissu industriel du pays depuis trois ans. A cet égard, l’organisation d’une semaine de la relance économique ne serait que la bienvenue si on se souvient que quelques jours plus tôt, le représentant d’une entreprise chinoise a été expulsé du territoire à la suite d’un bras de fer qui a tout l’air d’un braquage. Les faits rapportés dans nos colonnes (Le Pays n°101 du 24 au 30 septembre) illustrent largement l’incertitude du climat des affaires sous les cieux du pays de Toumaï. C’est peu dire si on parle de « gangstérisme d’Etat » pour illustrer l’humiliation puis l’expulsion de Xu Zhihong, directeur général de la société de raffinage de N’Djaména. 

On ne reviendra pas ici sur les aveux du chef de l’Etat selon lesquelles, des individus qu’il connait bien, prennent de l’argent avec des opérateurs économiques en échange de rencontre et des facilités avec les membres du gouvernement. C’est pourquoi, il dit avoir décidé de faire signer tous les accords de partenariat à la présidence.  Il n’y a pas d’aveu plus éloquent de l’échec du pouvoir à faire respecter l’ordonnance-loi sur le partenariat public-privé adoptée il y’a un an juste avant la tenue du forum de mobilisation des ressources pour le plan national de développement (Pnd) à Paris.

Ce dont le secteur privé a besoin n’est plus un forum ou une foire. Ce dont l’économie du Tchad a besoin c’est la sécurisation des investissements, le paiement de la dette interne qui paralyse l’activité de la plupart des entreprises bénéficiaires de la commande publique, la cessation du harcèlement fiscal exercé par des institutions telles que l’Inspection générale d’Etat (Ige) qui empiète trop souvent sur les compétences des services du ministère des finances (Douanes et Impôts) qui sont les interlocuteurs attitrés des entreprises et l’ouverture du marché à la saine concurrence.

Pour faire court, les conditions de la relance sont là, connues, identifiées et consignées dans un livre blanc édité par le Conseil national du patronat tchadien (Cnpt) depuis quelques années. La corruption, l’injustice auxquelles on ajoutera le coût élevé de l’électricité sont les goulots d’étranglement de l’économie tchadienne. On n’inventera pas la roue avec le forum de cette semaine. Ce qui reste à faire, c’est d’avoir le courage d’affronter courageusement nos tares. Le reste ne sera que diversion.

La Rédaction