La Chine et nous
Les lampions se sont éteints sur la 3ème édition du forum de coopération Chine-Afrique avec les promesses de don et d’investissements de plus de 60 milliards de dollars pour les trois prochaines années.
Une annonce saluée avec enthousiasme par les uns, regrets par les autres qui ne comprennent pas cette infantilisation du continent qui n’avait rien à envier à la Chine il y’a cinquante ans. Aujourd’hui, l’Afrique est en phase de devenir, pour les pays au faible coût du travail, un atelier pour l’empire du milieu qui ne se contente plus d’acheter avec boulimie des matières premières, mais installe à son tour ses ateliers pour répondre aux besoins d’une population devenue elle aussi consommatrice et surtout vieillissante.
Même si les dirigeants africains feignent de l’oublier, le fait d’accourir aussi nombreux à Pékin les infantilise tout autant que quand ils se rendent en masse aux sommets France-Afrique et autres Inde-Afrique. L’Inde et la Chine, deux pays du tiers monde ont réussi à force de volontarisme et de leadership à s’imposer dans l’économie mondiale. Ce qui est loin d’être le cas de l’Afrique, moins encore du Tchad qui a opportunément renoué ses relations avec Pékin en aout 2006 après avoir cédé aux sirènes des dollars taïwanais.
La raison était principalement sécuritaire. Acculé par le puissant voisin soudanais qui ne cachait pas son soutien au jeune capitaine Mahamat Nour Abdelkérim dont les troupes ont réussi à entrer à N’Djaména avant d’être laminés, Idriss Déby qui a compris qu’il ne pouvait tenir longtemps face à son puissant voisin qui avait pour allié la Chine a choisi de court-circuiter Taïpeï par un retournement de veste. Un choix qui a payé puisse que dans la foulée, une importante visite d’Etat s’en est suivie. La raffinerie de Djermaya est aujourd’hui un des symboles les plus visibles de notre coopération avec la Chine.
Mais à relire les annonces de la visite d’Etat de 2007, beaucoup de projets tels que le projet de e-gouvernement offert gracieusement et la construction du nouvel aéroport de N’Djaména n’ont pu aboutir faute de suivi et parfois de manque de volonté politique. A l’analyse, la mauvaise gouvernance risque encore de nous faire perdre plusieurs opportunités qu’offre ce partenaire moins regardant en matière de gouvernance. Pourtant là aussi nous peinons. Et c’est la preuve que la cause de notre retard vient de nous-mêmes.
Ce qui nous reste à faire, c’est de nous inspirer de cet ami bien malin dont une des maximes les plus célèbres dit « quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ». Pour faire comme le Chinois en un demi-siècle, il a fallu un gouvernement visionnaire qui a su faire preuve de fermeté et de rigueur même avec les membres du parti dirigeant quand ils ont dévié ; un gouvernement qui a su mettre son peuple au travail et lui a appris à tirer le meilleur des autres pour construire son pays. C’est la première chose à tirer de la Chine au-delà du matériel qui n’est que la conséquence de l’intelligence.
La Redaction