En finir avec la justice parallèle
Depuis l’avènement de la démocratie au Tchad, il ne se passe pas un seul jour sans qu’on entende parler d’enlèvement ou de disparition de telle ou telle personne soit à cause à de son opinion, soit de son appartenance politique.
Pourtant, nous sommes dans une République qui se réclame démocratique où les libertés individuelles et collectives des citoyens sont garanties par la Constitution et les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Tchad. Au mépris de cet arsenal juridique, des enlèvements s’opérèrent sans que les autorités n’osent rappeler à l’ordre comme si les Tchadiens vivaient dans une jungle.
Après N’Djamena, Doba et Moundou, le virus a atteint les zones les plus reculées du Tchad où Mbaigoto Dionkido Michel, chef de Canton de Bessa dans le département de Dodjé, région du Logone occidental, a été enlevé par des inconnus le 3 juin dernier. C’est après de recherches menées par les parents de la victime que les autorités administratives dudit département ont reconnu l’arrestation du chef de canton et sa détention au secret. Pour les autorités locales, le Chef du Canton s’est rendu coupable du délit de destruction de 30 hectares de forêt. Ces méthodes rappellent les années sombres du règne de Hissein Habré où la sinistre Dds enlevait et faisait disparaître des citoyens tchadiens sans autre forme de procès. Pourtant, il n’appartient pas aux militaires ni aux autorités administratives de procéder à l’enlèvement d’une personne fut-elle criminelle.
Le Tchad est une République. Et une République est régie par des textes auxquels tous les citoyens doivent se conformer quel que soit leur rang social. C’est aux juges et à eux seuls de décider si tel ou tel individu a enfreint aux lois de la République. Mais ce n’est pas le cas au pays de Toumaï. Ces mêmes autorités qui sont pourtant les garants de la loi, bafouent allègrement les lois de la République donnant l’impression qu’il ya des citoyens qui ont le droit de tout faire sans être inquiétés. Subsidiairement, elles entretiennent les violations des droits humains au Tchad. C’est ce genre de comportement qui a poussé les magistrats et auxiliaires de justice à entrer en grève sèche pour protester contre la tentative d’assassinat de Me Doumra Manassé à Doba alors qu’il venait de récupérer ses clients libérés à l’issu d’un procès.
En tout état de cause, il faut reconnaitre que depuis la réélection de Déby et la mise en place de la 4ème République, on assiste à un durcissement. Au jour le jour, les autorités administratives et militaires s’érigent en véritables bourreaux à travers l’Ans, qui est devenue un instrument d’oppression et de règlement de compte. Il est temps d’arrêter cette justice parallèle qui porte atteinte à l’honorabilité de notre pays. L’Etat de droit n’est pas un Etat où des individus sont enlevés, des magistrats menacés, des avocats intimidés ou violentés par les hors la loi à la commande des autorités administratives. Le Tchad est une République alors on doit laisser la justice seule faire son travail au lieu de continuer à empiéter sur ses pouvoirs. C’est le challenge le plus urgent de la 4ème République.
La Rédaction