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« Abus et morts à la prison de Koro Toro au Tchad », constate Human Rights Watch

« Abus et morts à la prison de Koro Toro au Tchad », constate Human Rights Watch 1

Dans un rapport intitulé « Pire que l’enfer : Mort et torture à la prison de Koro Toro au Tchad », Human Rights Watch tient l’armée tchadienne pour responsable de la mort en détention de plusieurs détenus lors de leur transfert vers la prison de Koro Toro ou dans les locaux de la prison, à la suite des manifestations d’octobre 2022 contre la prolongation du gouvernement de transition. Il exige que les auteurs répondent de ces décès, actes de torture, traitements inhumains et du travail forcé devraient rendre compte de leurs actes.

Selon le rapport, l’armée tchadienne est responsable de la mort en détention de plusieurs détenus lors du trajet vers puis sur le site de la prison de Koro Toro en octobre 2022. « Les prisonniers ont été détenus illégalement, ont subi des mauvais traitements et ont été privés d’articles de première nécessité pendant les deux à trois jours de transport vers la prison depuis la capitale, N’Djamena », informe Human Rights Watch. « Les responsables militaires tchadiens supervisent une prison dans laquelle les abus sont monnaie courante et sont responsables de la mort de manifestants détenus à la suite des manifestations du 20 octobre 2022 », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale chez Human Rights Watch. Selon lui, « Le gouvernement devrait agir pour mettre fin à l’impunité pour ces abus qui a conduit de nombreuses victimes à renoncer à tout espoir de justice. »

Human Rights Watch estime que les dépouilles des personnes décédées devraient être restituées aux familles pour être inhumées, et l’un des principaux bâtiments de Koro Toro être fermé car il est en trop mauvais état pour servir de centre de détention. « Les autorités tchadiennes, l’Union africaine et les organismes de l’ONU devraient immédiatement enquêter sur la détention illégale et les mauvais traitements à Koro Toro ainsi que sur tous les décès en détention », ajoute le rapport.

Lors du trajet vers Koro Toro, selon les témoignages recueillis par Human Rights Watch, « la plupart des détenus ont été privés de nourriture et – plus grave encore – d’eau, pendant deux à trois jours. Selon un ancien détenu, lorsqu’il est devenu évident que les camions ne s’arrêteraient pas pour se ravitailler en eau, lui et d’autres ont commencé à boire leur propre urine ». Selon le rapport, certains détenus sont morts pendant le transport, probablement des suites d’un état de délire et de la faim. Human Rights Watch a documenté la mort d’au moins quatre individus lors du trajet, de six autres sur le site de la prison et d’un homme dont le décès est survenu soit pendant le transport, soit une fois sur place. Le nombre réel de morts est toutefois probablement beaucoup plus élevé. Les proches n’ont pas été officiellement notifiés des décès, même si certains l’ont appris de manière officieuse. Près de deux ans plus tard, aucune des dépouilles n’a été restituée à leurs familles », indique-t-il.

Le rapport informe que des centaines de personnes au moins détenues à Koro Toro en lien avec les manifestations du 20 octobre ont été « enchaînées » avec des barres de fer placées autour des chevilles et attachées à une autre barre de fer, parfois pendant des semaines. « Certains détenus ont été soumis à un isolement prolongé, ce qui constitue une forme de torture, et au travail forcé », déplore Human Rights Watch qui appelle le gouvernement tchadien à fermer immédiatement Koro Toro 1 et entreprendre des travaux de rénovation de toute urgence sur le site de Koro Toro 2 afin de pouvoir y accueillir des prisonniers de manière appropriée, notamment en installant un moyen pour ces derniers de communiquer avec leurs familles et leurs avocats. « Personne ne devrait être détenu à la prison de Koro Toro en l’absence d’inculpation, et tout individu actuellement dans cette situation devrait être immédiatement remis en liberté, a déclaré Human Rights Watch ».

« Les autorités devraient immédiatement ouvrir une enquête sur les décès de détenus survenus lors du trajet vers Koro Toro puis sur place, et poursuivre en justice les responsables de ces abus et d’autres en détention », ajoute le rapport.

Nadjita Namlengar