À quelques jours de la fête de l’Aïd El Kebir ou Tabaski, grand moment de sacrifice qui marque la fin du Hadj et la commémoration de la volonté d’Abraham de sacrifier son fils, les fidèles musulmans de la capitale tchadienne sont déjà aux préparatifs. En plus du mouton, il faut également prévoir un budget conséquent pour son alimentation.
Dans les rues de N’Djamena, les préoccupations majeures chez les fidèles musulmans sont les prix des moutons et des tenues pour célébrer la fête.
Certaines familles musulmanes affirment que les festivités vont se dérouler dans des conditions difficiles à cause de la cherté de vie. «Les fêtes ont toujours été une occasion pour les commerçants d’augmenter les prix. Cette année les prix du mouton varient entre 30 000 fcfa et 150 000 fcfa. Même pour nous qui travaillons c’est pas facile de s’en sortir », déclare un père de famille rencontré en circulation. Celui-ci ne compte pas pour autant déroger à la tradition. « On va essayer de faire avec, puisque c’est temporaire », se résigne-t-il.
Même inquiétude chez Zoura quinquagénaire rencontrée au marché à mil. « C’est vraiment inquiétant, dans les marchés de N’Djamena, tout est chère. Les prix de l’huile, l’oignon, les pommes de terre, les céréales sont en hausse. Avant avec 1500 fcfa , j’avais mes condiments mais maintenant même avec 3000 fcfa ce n’est pas possible. Avec le peu d’argent que nous avons, comment faire pour avoir un bon repas et des vêtements pour les enfants», se désole-t-elle.
Pour ne pas être surpris par les prix des bêtes qui ont tendance à augmenté à l’approche de la fête , Tidjiani a pour sa part opté pour l’achat d’un bélier à 2 mois du jour J, pour l’engraisser. Seulement, acheté son mouton à 2 mois de la fête entraîne d’importants dépenses. « Je pensais faire une bonne affaire, mais au final je trouve que ce n’était pas une bonne idée. Je dois débourser presque chaque semaine 20 000 fcfa pour son alimentation. Si je fait le calcul, j’ai dépensé plus que le prix d’une bête de son gabarit en ce moment », indique-t-il.
Du côté des vendeurs de mouton, à chacun sa technique pour faire écouler rapidement sa marchandise. Boukar la trentaine, vendeur de mouton au marché à bétail du quartier Diguel, a décidé d’utiliser les réseaux sociaux à son avantage. Il publie les photos de ses bêtes dans des groupes Facebook ou whatsapp accompagné d’un petit texte qui décrit les caractéristiques de ses animaux, leurs prix et ajoute ses coordonnées. « A l’approche de la Tabaski, les bergers viennent des villages avec les moutons, il y’a donc un surnombre de vendeurs et beaucoup de point de vente improvisés et également de mévente. J’ai pensé utiliser les réseaux sociaux pour me faire connaître et attiré plus de clientèle », explique-t-il. Le commerçant assure avoir vendu près de 60% de ses bêtes après avoir publier leurs photos. « Par exemple ce matin , 3 acheteurs sont déjà venus grâce aux annonces publiées sur les réseaux. J’ai également un service de livraison à domicile », affirme-t-il.
Selon Hamid qui dit avoir acheté son mouton de sacrifice il y’a 3 jours sur Facebook, la méthode est une bonne approche. «Il y’a une semaine en naviguant sur internet, j’ai vu une annonce de moutons à vendre. C’était la première fois que je lis des annonces de ce genre. J’ai trouvé que c’est une bonne approche et j’ai voulu essayer. Contrairement aux années précédentes je n’ai pas perdu du temps à courir dans les marchés, ni à négocier les prix. La transaction s’est faite facilement et j’ai été livré automatiquement après l’achat », témoigne-t-il.
Kedaï Edith