N’oublions pas la Libye de chez nous
Le marché d’esclaves en Libye révélé par la chaine américaine CNN secoue le monde. L’histoire de l’esclavage en Afrique bégaie. Une pratique d’un autre âge, un commerce abject, une horreur inimaginable, une situation humiliante et inacceptable.
Il n’y a pas d’adjectif approprié pour qualifier ce marché des migrants vendus comme esclaves entre 200 et 400 dollars dans le septentrion africain. Le reportage diffusé le 18 novembre dernier a provoqué une vague d’indignation et de l’effroi dans le monde. Des manifestations ont eu lieu en Europe et en Afrique devant les représentations diplomatique libyennes.
En première ligne de cette bataille se sont des artistes, musiciens, journalistes et autres activistes. Certains pays ont même rappelé leurs ambassadeurs en signe de protestation. Tripoli tente de rassurer l’opinion internationale en ouvrant une enquête pour traduire les auteurs et complices de ce commerce de la honte en justice non sans rappeler que la crise Libyenne est aussi le fait des occidentaux.
Au Tchad, l’onde de choc a été moindre parce que le pays n’est pas directement concerné par l’immigration à travers le Sahara puis la méditerranée en direction de l’Europe.
Cependant, cette actualité qui s’est invité opportunément à la veille de la célébration de la journée mondiale de l’enfance doit nous rappeler que sous nos cieux se pratique une forme d’esclavage décrié depuis une dizaine d’année mais qui a encore la peau dure.
Il s’agit du phénomène des enfants bouviers dans le Mandoul. Victimes de misère endémique certaines familles du sud du Tchad se voient obligé d’offrir la force du travail de leurs enfants pendant des mois contre un bœuf d’attelage ou quelques billets de banque. Ces enfants deviennent des bouviers avec pour mission de faire paitre les troupeaux des commandants de brigade, des responsables administratifs et autres nantis. Certains de ces enfants sont convoyés plus loin, au nord et au nord-est du pays voire en Centrafrique où ils subissent des sévices corporels et psychologiques de toute sorte et sommés de travailler comme bouviers. Certains qui tentent de fuir payent de leur vie. Les rapports de l’Association pour la réinsertion des enfants en détresse (Ared) ont documenté de dizaines d’exemples de ce traitement. Mais rien, sinon pas grand-chose, n’est fait par les autorités pour arrêter l’hémorragie.
Pourtant, notre pays a signé des conventions et traités internationaux ainsi que des lois nationales sur la protection des mineurs. Malheureusement, ceux qui sont chargés de faire respecter ces instruments juridiques deviennent des bourreaux en foulant allègrement au pied ces lois. C’est dire que ce qui se passe en Libye c’est ce qui se passe aussi dans notre pays notamment dans le Mandoul où les jeunes enfants sont vendus comme esclaves pour élever le bétail ou travailler dans des chantiers pour des broutilles. Il est temps que nos autorités prennent à bras le corps cette situation pour mettre terme à cette pratique qui n’est pas assez ressorti dans les discours et recommandations de la célébration de la journée internationale de l’enfant. C’est notre Lybie et la République qui dispose déjà des moyens juridiques doit mettre la volonté politique pour l’arrêter.
La Rédaction