La fréquentation du fleuve Chari par les enfants à N’Djamena est devenue un phénomène têtu malgré l’interpellation des autorités communales. Alors que les cas de noyade sont monnaies courantes les jeunes s’y rendent sans être inquiété.
Du haut du pont à double voies , une marée humaine s’observe au bord du fleuve chari en ce mois de mars 2024 ou la chaleur est accablante. Tout joyeux, des enfants d’environ 13 à 14 ans s’aspergent et jouent dans l’eau. « Allez, reviens ici. Regardez, il n’entends pas ce que je lui dis », crie Mariam à l’un de ses petit-frères qui refuse de sortir de l’eau.
Mariam explique qu’elle a dû ramener ses 3 cadets au fleuve parce qu’elle avait beaucoup des habits à lavé. « Ils m’ont aidé à les transporté », renseigne-t-elle.
« Aimé viens, on va dans l’eau. On verra qui connait nager », lance un garçon de 7 ans à son ami, tout en se déshabillant. Visiblement ces gamins viennent de finir de faire la lessive. « Allez de l’autre côté du fleuve les enfants , c’est par là-bas que vous deviez vous baigner », gronde un adulte assis sur le sable près d’eux.
Pour un blanchisseur et habitué des lieux, c’est à dessein qu’ils envoient les enfants de l’autre côté du fleuve. « Ils ne doivent pas nager avec les grandes personnes parce que le fleuve est profond par endroit. Et comme l’eau n’est l’amie de personne, pour peu que tu évolue jusqu’en profondeur, tu vas te noyer, même les grandes personnes ne sont pas épargnés » explique-t -il.
Un peu plus loin, une autre activité exercée par certains enfants s’observe et attire d’autres. A l’aide de moyens rudimentaires des enfants pêchent pour avoir de quoi calmer un tant soit peu la faim. « Nous venons chaque jour péché pour avoir de quoi manger. A chaque fois que d’autres enfants nous voit, ils veulent aussi nous imiter », confie Doumro, âgé de 13 ans.
Interdiction de façade
Tout le long du fleuve Chari, et surtout en cette période de canicule , de nombreux enfants n’djamenois, trouvent refuge au bord du fleuve Chari et le considère comme leur parc d’attraction malgré de nombreuses noyade enregistrées.
D’après Djarma, blanchisseur, plusieurs cas de noyade des enfants ont été enregistrées en sa présence. « Rien que pour l’année en cours, j’ai assisté à plus de 10 cas de noyades des enfants ou des adolescents de moins de 15 ans », témoigne-t-il avant de rappeler que le dernier cas de noyade ne date que du 11 mars dernier.
Constatant avec regret l’afflux des enfants au bord du fleuve Chari, la Maire de la ville de N’Djamena, Bartchiret Fatimé Zara Douga, a dans un communiqué officiel signé le 27 mars dernier interdit l’accès aux bords des fleuves Chari, et Logone. « Toute personne surprise entrain de se baigner dans l’un de ces lieux serait sévèrement sanctionnée », stipule le document.
Malheureusement cette décision ne semble n’avoir aucun effet sur la population . Un bon nombre de ndjamenois surtout les enfants affluent toujours chaque jours , au bord du fleuve Chari au vu et au su des forces de l’ordre chargés de l’application de cette décision et entre temps, les chiffres des cas de noyades continuent également de grimper.
Lobey Bab Sidick