« Nous voulons donner plus de visibilité aux patrimoines littéraires en milieu scolaire »
Organisé à l’occasion des 90 ans de l’écrivain tchadien Joseph Brahim Seid, le mois du livre et de la lecture se tiendra du 02 au 30 Novembre 2017. Le Pays est allé à la rencontre du Directeur général de la culture et du Patrimoine, Dr Ndiltah Patrick qui explique l’importance de l’avènement.
Pourquoi un mois du livre et de la lecture ?
La première édition du mois du livre et de la lecture est organisée du 02 au 30 novembre 2017 suite au constat fait dans notre pays et surtout dans le milieu scolaire. On se rend compte que la plupart des Tchadiens n’aiment pas la lecture. Pourtant, c’est à travers la lecture qu’on peut améliorer son langage et se cultiver. La clé de la connaissance est dans les livres et pour y accéder, il faudrait lire. C’est ce manque de lecture et celui de culture livresque qui nous ont amené à initier ce mois du livre et de la lecture afin de mettre en contact les Tchadiens avec le livre. Le but est de créer en eux cet amour, cette envie de s’approprier des livres à travers la lecture, afin de se cultiver et d’avoir plus de connaissances car, il y a assez de trésors qui sont cachés dans le livre.
En plus de pousser les Tchadiens à la lecture, quels sont vos objectifs ?
L’organisation de cet événement a plusieurs objectifs qui sont entre autres : donner plus de visibilité aux patrimoines littéraires en milieu scolaire. Nous voulons qu’en milieu scolaire les jeunes puissent découvrir ce patrimoine caché qui est le livre. Notre ambition est de vulgariser le rapport au livre et développer le goût de la lecture ; familiariser et initier le jeune public au livre et la lecture et inculquer des valeurs livresques aux élèves et au public en général et valoriser l’écriture et mettre en valeur la production littéraire tchadienne en particulier, parce qu’il y a de jeunes écrivains tchadiens qui sont méconnus donc, c’est une occasion d’amener le public à les découvrir à travers leurs œuvres et de promouvoir le livre et la lecture auprès des publics scolaires.
Au Tchad, beaucoup ne s’intéressent pas à l’achat du livre et à la lecture. Pensez-vous que cette initiative pourra apporter un changement de comportement chez nos concitoyens ?
On ne peut pas d’emblée tirer des conclusions. Il faudrait d’abord faire passer ce mois et à la fin on doit s’asseoir pour faire le bilan. C’est à travers ce bilan qu’on peut dire si les choses ont changé ou pas. Mais on espère que cette initiative est l’un des moyens pour amener les Tchadiens à aimer le livre. Donc pour nous, c’est un moyen qui peut amener les gens à changer de comportement vis-à-vis du livre et de la lecture. Mais, il faut attendre à la fin pour évaluer si effectivement cela a eu d’impact ou pas sur le public.
Disposez-vous de stratégies pour amener les jeunes (élèves et étudiants ou public) à la pratique de la lecture ?
Nous avons prévu assez d’activités à travers lesquelles on espère les amener à aimer la lecture ou à découvrir le livre. Parmi ces activités ou ces stratégies, nous avons prévu des conférences débats. Elles seront organisées par toute la chaine du livre. Il y aura une conférence débat des auteurs autour de la problématique de l’écriture. Pour écrire un livre, ils ont sans doute connu des problèmes. Ils en parleront au cours de cette conférence. Il y aura également une conférence des éditeurs autour de la question des éditions et aussi une conférence débat des bibliothécaires autour de la question de la lecture. Chacun d’eux partagera son expérience au sujet de fréquentation de leurs centres de lecture. Ce sont là des stratégies qu’on a adoptées. Il y aura également des journées portes ouvertes qui puissent permettre aux jeunes de découvrir eux-mêmes comment se fait un livre, c’est-à-dire , toute la chaine de la fabrication d’un livre, du travail de l’écrivain en étroite collaboration avec les maisons d’éditions et les imprimeries qui vont ouvrir leur porte pendant cet événement. Ceci pour permettre au milieu scolaire et le public en général d’avoir accès à leur travail, pour permettre de voir la chaine. On aura également les lectures publiques. Pour cette première édition, on a choisi une dizaine d’établissements scolaires où les écrivains tchadiens iront lire un extrait de leurs livres au public scolaire et avoir un moment d’échanges avec les élèves autour de ces livres. Ce sont des écrivains tchadiens connus et d’autres inconnus du public scolaire.
Les espaces et structures permettant de faire la lecture ne fonctionnent pas normalement, avec ces assises peut-on espérer un nouveau souffle pour les bibliothèques et les centres de lectures ?
L’exemple le plus frappant, c’est la bibliothèque nationale qui existe depuis longtemps mais pas ouverte parce qu’il n’y a pas d’ouvrages, le ministère n’a pas perdu de vue cet aspect. Le ministère dans sa politique a signé une convention avec Gallimard, une grande maison d’édition en France qui entend nous accompagner sur 10 ans. Pour cette édition, Gallimard nous offre trois milles (3000) d’ouvrages qui sont déjà disponibles pour alimenter la bibliothèque nationale. Les cinq ans à venir, Gallimard nous donnera deux milles(2000) d’ouvrages chaque année. Sur dix ans, on aura treize milles (13000) ouvrages sur les rayons de la bibliothèque nationale. Ce don d’ouvrages constituera une dynamique culturelle permettant aux Tchadiens d’accéder aux livres. Nous organisons cet événement « le mois du livre et de la lecture », à la bibliothèque nationale et au musée pour amener les Tchadiens et surtout les jeunes à découvrir ce cadre qui est une bibliothèque nationale. C’est un changement qui doit arriver parce que les gens avaient une mauvaise image de ce patrimoine national. Mais la réception des ouvrages à travers cet événement est un message pour informer le public que la bibliothèque va s’ouvrir et il peut y venir les consulter pour des éventuelles recherches.
Interview réalisée par Mbaitelem Mbaihornom Gérard, Stagiaire