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Augmentation des prix de carburant : le Barreau du Tchad demande au gouvernement de revoir cette décision

Augmentation des prix de carburant : le Barreau du Tchad demande au gouvernement de revoir cette décision 1

Réuni en urgence le 15 février dernier le Conseil de l’ordre des avocats du Tchad a analysé la situation actuelle qui « est de nature à hypothéquer la jouissance des droits humains reconnus à tous sans distinction aucune ». Le Barreau demande au gouvernement de revoir l’arrêté augmentant les prix des produits pétroliers et améliorer les conditions de vie de la population.

Le Barreau du Tchad rappelle que les instruments internationaux et régionaux ratifiés par le Tchad et les textes nationaux reconnaissent les droits de l’Homme pour tous comme découlant de la dignité inhérente à la personne humaine et imposent des obligations aux Etats. « Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, dès son préambule, relève que « conformément à la Déclaration universelle des droits de l‘homme, l’idéal de l’être Humain libre, libéré de la crainte et de la misère, ne peut être réalisé que si les conditions permettant à chacun de jouir de ses droits économique, sociaux et culturels, aussi bien que de ses droits civils et politiques, sont créées » », relèvent les avocats tchadiens.

Pour le Barreau, le Gouvernement a l’obligation de créer des conditions pour une jouissance effective de ces droits, à tous sans discrimination aucune. « Or, la dégradation des conditions socioéconomiques persiste allant de la rareté du carburant au manque d’électricité et de l’eau, aux couts de vie et de transport galopants et les conséquences sur la jouissance des droits humains. Tout cela met à mal et en péril la vie des populations », souligne le Barreau.

Après que le gouvernement a annoncé l’exonération des droits et taxes à l’importation sur quelques denrées alimentaires, le barreau, attendant de voir la traduction de ces mesures dans la réalité, se dit désagréablement « surpris par l’arrêté conjoint n°007 du 14 février 2024 signé des ministres de l’industrie et du commerce et celui des finances et du budget fixant les prix de vente des produits pétroliers à 730 F CFA le litre du super, 828 F CFA le gasoil, 580 F CFA le JET Al et 392 F CFA le pétrole lampant soit une augmentation de 212 F CFA le litre de super soit presque 41% d’augmentation, 128 FCFA le litre de gasoil soit plus de 18% d’augmentation auxquels il faut ajouter, pour les provinces, la majoration des frais de transport en valeur absolue ».

Pour l’Ordre des avocats du Tchad, cette augmentation aura sans nul doute une répercussion sur les prix des transports et de certaines denrées alimentaires dont la fabrication et/ou la conservation nécessitent l’énergie qui est très rare pour la SNE, conduisant à l’utilisation en permanence des groupes électrogènes. C’est le cas de la baguette de pain pour ne citer que cela. « Il en sera de même des autres biens et services offerts par les commerçants et autres opérateurs économiques », ajoute-t-il.

« Du coup, l’on revient à la case de départ sinon pire, si l’on confronte cette augmentation des prix de carburant et toutes ses implications d’avec les mesures d’exonération des droits et taxes à l’importation sur les prix de quelques denrées », complète le Barreau pour qui, cette situation est plus « préoccupante vu les conditions déjà très précaires de la population et les difficultés réelles de vie et de survie auxquelles elle est confrontée chaque jour ».

Le Barreau attire l’attention du Gouvernement sur cette situation insupportable pour la population et qui remet en cause l’amélioration des conditions de vie de la population souvent déclarée par les autorités de transition. « Il est évident que la paix, la quiétude et la sécurité du citoyen, c’est aussi créer les conditions nécessaires pour que ce dernier ait un minimum vital, que les besoins élémentaires soient couverts ».

Le Barreau demande avec « insistance au Gouvernement de revenir sur l’arrêté ayant augmenté les prix des produits pétroliers et de trouver d’autres mécanismes aux fins de subventionner les prix tant des produits pétroliers que d’autres denrées de première nécessité pour alléger la peine déjà difficilement supportable de la population. Aussi, serait-il nécessaire de faire le suivi de toutes mesures prises pour pallier aux conditions difficiles de vie de la population ».

Le Barreau rappelle au Gouvernement que « sa politique et toutes mesures y relatives doivent être de nature à favoriser l’amélioration des conditions de vie de la population et donc la jouissance de ses droits tant économiques, sociaux et culturels que civils et politiques, et non les aggraver ou les impacter négativement ».

Le Conseil de l’ordre des avocats n’a pas perdu de vue la question sécuritaire. « La sacralisation de la vie humaine nécessite des actions fortes des autorités à l’égard des personnes détenant illégalement des armes et qui ne sont pas souvent inquiétés tant pour cette détention illégale que pour l’usage qu’ils en font sur leurs concitoyens », indique-t-il tout en interpellant « le Gouvernement sur sa responsabilité régalienne qui est celle d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. En effet, l’Etat doit s’affirmer pour faire régner la justice, la même pour tous, faire respecter l’Etat de droit par tous y compris l’Etat lui-même ».

Nadjita Namlengar