L’année 2023 aura marqué une fois de plus les Tchadiens par un manque généralisé des produits de première nécessité (denrées alimentaires, carburant, électricité). Les conflits éleveurs-agriculteurs, les massacres en séries, les enlèvements contre rançon demeurent et sont loin de trouver des solutions.
Rien n’a encore marché cette année. Le panier de la ménagère est resté vide, pire que les années précédentes où tout se justifiait par la crise en Ukraine. Les Tchadiens ont dû se battre comme ils peuvent pour manger ne serait-ce qu’un repas par jour. Dès les premiers mois de l’année, les denrées alimentaires les plus consommées comme le maïs, le riz, le mil penicillaire, le sorgho, l’arachide, l’huile et autres étaient hors de portée.
Les prix ont encore grimpé allant jusqu’à plus de 35% des prix connus 5 ans en arrière. Le riz local est allé à 65000f pour 100 kg, celui importé à 17500f le sac de 25 kilo, le maïs à 30000f, le mil et le sorgho ne sont pas du reste. Hier c’était le covid 19, après est venue la crise en Ukraine, aujourd’hui la crise au Soudan avec l’afflux des réfugiés, c’est ainsi que les commerçants ont tenté de justifier année après année la flambée des prix des denrées alimentaires sur le marché.
Même les sorties des associations qui luttent contre la vie chère n’ont pas pu entamer la voracité des commerçants. Avec la mauvaise pluviométrie de cette année, le pire est envisageable. Il y’aura la famine en 2024, l’annonce a été faite par les autorités lors du lancement de la vente subventionnée des denrées alimentaires dans Logone Occidental.
Le secteur du transport a aussi été fortement affecté par les pénuries régulières de carburant. Les agences de voyage à leur tour ont aussi augmenté les tarifs des voyages. Du jour au lendemain, les populations ont été obligées de payer plus du montant habituel. A l’heure où nous mettons sous presse, de longues files d’attente s’observent dans les stations-services. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les vendeurs ambulants de carburant en ont profité pour augmenter à leur niveau le prix du litre.
Tchad, berceau de l’obscurité
L’année 2023, c’est aussi des coupures intempestives d’électricité poussant parfois des familles à passer des semaines dans le noir. Même s’il est vrai que la fourniture en électricité dans la capitale n’a pas toujours été au top, mais cette année a été pire que les précédentes. La nomination à la tête de la société nationale d’électricité du général Ramadan Erdoubou alias « Général électrique » et tous les changements au sein de cette structure ont plutôt aggravé la situation. Pourtant le président de transition avait en son temps, promis que la capacité de production de la Société nationale d’électricité (Sne) sera triplée pour le grand bonheur des Tchadiens. Mais rien. Les panneaux solaires ont été une alternative pour beaucoup de Tchadiens qui jusqu’ici comptaient encore sur Sne.
Récurrente crise sécuritaire
L’éternelle crise sécuritaire, attribuée aux conflits éleveurs-agriculteurs, aux terroristes ont continué à endeuiller les familles Tchadiennes sous le regard impuissant des autorités. Le bilan de cette année est lourd, ce sont des dizaines de morts qui ont été enregistré, plusieurs blessés, des biens pillés, brûlés. Les attaques ‘’ terroristes ‘’ au mois d’avril dans le Mandoul notamment, ont eu lieu seulement quelques jours après le déploiement de l’armée tchadienne et française tout au long de la frontière Tchad centrafricaine. Malgré l’annonce d’une coopération sécuritaire d’envergure, les massacres ont continué de plus belle.
Dans le Mayo Kebbi Ouest, c’est le phénomène d’enlèvements contre rançon qui a ôté la quiétude des populations. De janvier à avril, le bilan faisait déjà état d’une vingtaine de cas d’enlèvements. La dernière date du mois d’octobre seulement quand un garçon âgé de 13 ans a été kidnappé et les ravisseurs ont exigé 40 millions pour sa libération. Il ne s’est pas passé un mois sans qu’on ne parle des enlèvements contre rançon.
Ndjondang Madeleine