20 octobre 2022 – 20 octobre 2023, cela fait un an déjà que centaines des Tchadiens ont trouvé la mort ou portés disparus suite aux répressions des manifestations contre le regime de la transition du Tchad. Pour l’ancien ministre, Dr Abdoulaye Sabre Fadoul, l’oubli et l’indifférence seraient un supplice supplémentaire pour toutes les victimes et leurs proches, de tous les bords, en ce sombre anniversaire.
Dr Abdoulaye Sabre Fadoul estime que la meilleure manière d’honorer la mémoire de ces victimes est de démarrer un cycle vertueux d’apaisement politique propice au raffermissement de l’unité nationale. «L’hystérisation fracturante du débat politique n’est qu’une impasse. La tactique de la traque empruntée par le Gouvernement n’est qu’une farce court-termiste. Toutes les deux stratégies sont loin d’être conciliables avec cette exigence de cohésion en cette période de transition. L’une et l’autre n’expriment en réalité que l’obsession de conquête du pouvoir pour les uns ou de conservation du pouvoir pour les autres quoi qu’il en coûte pour le pays », estime-t-il.
Pour Dr Abdoulaye Sabre Fadoul, le Président de transition, même non-élu, est le Président de tous les Tchadiens, qu’ils soient avec lui ou contre lui. Mais, conseille-t-il, « il doit distinguer les intérêts immuables du pays des intérêts circonstanciels des chefs des bandes partisanes qui chercheraient à neutraliser le plus jeune et le plus populaire d’entre eux ». Selon lui, cette guerre de positionnement ne doit pas être celle de Président d’une transition, sauf à vouloir danser plus vite que la musique. « D’ailleurs, le propre intérêt politique du Pt réside dans cette élévation au dessus des guerres des clans dans laquelle il se laisse entraîner à son propre détriment et à contre-courant de sa doctrine de tolérance qui a permis le retour au pays de nombre d’exilés », souligne l’ancien ministre de la santé.
« En leur double qualité de citoyens et de victimes de la tragédie du 20 octobre, les Transformateurs et les familles des jeunes décédés ont droit à de la considération politique, à une justice réparatrice et à une tendresse humaine de la res publica incarnée par celui qui préside à sa destinée par choix providentiel. C’est comme cela qu’on peut rêver bâtir une nation et panser les plaies », relève Dr Abdoulaye Sabre Fadoul, pour qui «tout autre subterfuge tendant à exclure une frange de nos compatriotes du processus électoral ou à minimiser les profondes souffrances du 20 octobre serait une monumentale bévue politique que le pays paiera tôt ou tard. Ne pas le dire, c’est manquer à son devoir».