Comme chaque année en saison des pluies à N’Djaména, les habitants se plaignent de la prolifération des moustiques, vecteurs du paludisme, maladie qui impose un fardeau énorme à la population et au système de santé.
Les moustiques du genre anophèle, vecteur du paludisme infestent la capitale. Selon les professionnels de la santé, cette flambée de moustiques s’explique par la succession récente de la pluie et de fortes chaleurs, qui ont favorisé leur reproduction. « Ils sont partout, dans tous les recoins et piquent même dans la journée. Ce qui est encore pire, ce sont les démangeaisons que provoquent leurs piqures, c’est très désagréable », se plaint un citoyen.
Pour se préserver des piqures, à chacun sa technique. Certains habitants interrogés disent utiliser des insecticides. Que ce soit en spray, ou en spirale, toutes les marques s’écoulent comme des petits pains. C’est le cas de Huguette rencontrée dans le 1er arrondissement, qui dit avoir utilisé presque toutes les marques d’insecticides. « J’ai utilisé toute les marques dans ma maison, mais nous sommes toujours piqués par ces insectes. On dirait qu’ils résistent à ces produits chimiques», se lamente-t-elle.
D’autres par contre préfèrent l’utilisation des moustiquaires. « Pour moi, dormir sous une moustiquaire est la meilleure arme pour lutter contre le paludisme et en plus c’est plus économique », déclare Kodje .
Plus de 8000 décès en 2022
Selon le rapport annuel 2022, le paludisme reste la maladie la plus meurtrière au Tchad avec plus de 8 000 décès enregistrés.
Cette année encore, dans la majorité des quartiers populaires et précaires de la ville de N’Djamena, de nombreux cas de paludisme ont été notifiés. « Plus de 70 % des patients que nous recevons ici souffrent du paludisme », déplore un responsable d’un centre de santé dans le 9ème arrondissement.
Une situation qui s’explique notamment par le comportement des patients, explique-il. « Les parents des patients ne respectent pas les posologies des médicaments que nous leur prescrivons. Il y’a aussi le retard des consultations dans les centres de santé et puis la mauvaise utilisation des moustiquaires imprégnées », affirme-t-il.
Prévenir vaut mieux que guérir
D’après le Dr Djikoloum Severin, la prévention des piqures de moustique reste le pilier de la lutte contre le paludisme. « On peut éviter la propagation des gites de l’anophèle en faisant une lutte vectorielle c’est-à-dire, en désherbant et évitant les eaux stagnantes. Pour éviter les piqures de moustiques, la meilleure mesure de protection reste l’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda), qui sont à moindre coût pour le citoyen lambda. Il est également conseillé de porter les vêtements à manches longues, lorsque l’on se trouve à l’extérieur. De nos jours, il y’a aussi les diffuseurs automatiques tels que les spirales sur le marché qui ont pour effet d’éloigner les moustiques autour de soi », fait-il savoir.
Et enfin souligne, le Dr Severin, on lutte contre le paludisme en prenant un traitement adéquat lorsque l’accès palustre survient. « Il est conseillé de consulter les services de santé le plus tôt possible lorsque l’on sent les premiers symptômes pour permettre d’être prise en charge rapidement et d’éviter les complications ». recommande-t-il.
Bien que le pays progresse dans ses objectifs de lutte contre le paludisme, aujourd’hui, la lutte contre le paludisme a besoin plus que jamais de nouveaux outils. « Les campagnes d’information sont des activités dont les effets ne suivent pas immédiatement : elles doivent être continuelles et réadaptées au contexte pour toucher toutes les cibles et susciter le changement de comportement allant dans le sens de la prévention contre le paludisme », explique le médecin.
La fourniture de moustiquaires imprégnées et les campagnes d’information et de démoustication initiées par le ministère la santé publique et de la prévention permettent, certes de réduire la menace, mais les risques demeurent tant qu’un vaccin n’aura pas été trouvé. « Plusieurs candidats vaccin contre le paludisme sont en cours d’essai dans quelques pays africains dont certains ont prouvé leur efficacité. Nous espérons vivement qu’ils seront utilisés à grande échelle et dans les pays endémiques comme le Tchad », souhaite le Dr Djikoloum Séverin.
Kedaï Edith
