De François Tombalbaye à Mahamat Idriss Déby Itno, la pratique politique n’a guère changé sous nos latitudes. Ce qui s’est passé samedi au palais des arts et de la culture n’est en rien nouveau dans la manière de faire de la politique. Peut-être que les acteurs eux-mêmes n’ont pas vraiment changé si ce ne sont leurs enfants qui ont pris le relai.
Le propre des politiciens tchadiens consiste à se ranger du côté du vainqueur de l’heure, chanter ses louanges, médire voire maudire ceux qui le contestent jusqu’à ce que le vent ne tourne. Sans honte, ils retournent la veste et deviennent amnésiques rivalisant de zèle pour plaire au vainqueur de l’heure. Tel est le substrat de ceux qui ont organisé la prétendue rencontre des forces vives de la capitale avec le président de transition qui est en campagne pour se faire légitimer.
On retrouve dans les rangs de ces politicards aux petits pieds (le terme est de l’auteur de enfant du Tchad, tu as trop souffert), des intellectuels, commerçants, chefs traditionnels qui n’ont pour seule préoccupation l’accès à la fortune publique qu’importe le procédé.
Après avoir soutenu et accompagné la dérive autoritaire de Tombalbaye en entonnant des mélopées qui le déifiait, les mêmes margoulins se sont drapés dans les boubous de l’Unir promettant à Hissein Habré de ne jamais le lâcher. L’hideuse illustration de ce caractère est Me Gazonga qui, à peine Hissein Habré parti, a fini par devenir le griot du Mps jusqu’à son décès. Ses camarades qui ont accompagné le Maréchal Idriss Déby au tombeau poursuivent le travail de sape du pays avec son fils dressant ici des portraits géants de lui, passant les avenues où son cortège doit passer au Karcher. Que penser d’un maire prompt à laver le bitume pour le passage d’un président et qui est incapable de curer les caniveaux de sa ville ?
« Ils font du Tombalbayisme sans Tombalbaye » souffle dépité un fin connaisseur du milieu politique qui, dit-il est composé de plus en plus de cadres n’ayant pour seul idéal que l’enrichissement personnel sans aucune considération pour le pays. Surtout que la plupart, quand ils peuvent, installent leurs familles à l’étranger. Qu’attendre d’une telle classe politique ? Rien. Assurément rien. Il faut changer de système parce que tous ces gens sont à refaire !
La Rédaction