Pays producteur de pétrole 20 aujourd’hui, le Tchad n’arrive toujours pas à résoudre le vital problème du transport urbain et interurbain qui demeure une préoccupation majeure pour le Tchadien lambda.
Deux décennies après l’ouverture des vannes du pétrole de Doba considéré à l’époque comme une manne censée sortir le pays de la misère extrême qui le caractérise, le coût du transport est malheureusement passé du simple au double et les Tchadiens ne peuvent toujours pas voyager comme ils le souhaitent.
Déjà en terme d’infrastructures routières, rien n’a évolué. Le pays ne dispose que d’une seule route nationale, ce qui est aberrant au 21ème siècle et de surcroit pour un pays qui exporte de l’or noir. Dans la réalité, Il est de plus en plus difficile de voyager sur les 1.284.000Km2 de nos jours.
Pour aller de N’Djamena a la province du Moyen Chari au Sud-est est à la frontière avec la RCA (environ 900Km) , il faut débourser au minimum 20 000 fcfa . Toujours de la capitale vers l’Est dans la province du Ouaddaï a 900 Km à la lisière de la frontière avec le Soudan , il vous faut débourser 25 000 fcfa.
Pour aller au Lac Tchad distant d’environ 300 Km de N’Djamena à l’Ouest vers la frontière Niger et Nigéria si vous n’avez pas 15 000 fcfa , impossible de voyager.
Pour ne citer que ces exemples, les Tchadiens ne savent à quel saint se vouer lorsqu’il s’agit de se déplacer à l’intérieur de leur propre pays, bien que certaines routes soient goudronnées (moins de 3000 Km à l’échelle nationale) . Les raisons de l’augmentation brusque du coût de transport ne sont pas convaincantes. A chaque fois ,profitant d’une situation quelconque, les transporteurs font de la surenchères aux vues des autorités tchadiennes qui restent impuissantes au grand dam de la mobilité de la population.
D’ailleurs, les autorités n’ont prévu aucun mécanisme de régulation, laissant les transporteurs faire la pluie et le beau temps. Quelques associations des consommateurs et des citoyens indignés ont décrié cette situation mais en vain, elle est restée impunie et on assiste à l’augmentation des tarifs de voyage permanente et selon les humeurs des transporteurs. Pour ces transporteurs, « c’est l’Etat de la dégradation avancée des routes qui oblige à augmenter car ces routes difficilement praticables esquintent les véhicules qui nécessitent à chaque aller retour des réparations », explique un responsable de syndicat des transporteurs. Le prix du carburant devenu instable, la rareté du même carburant observée depuis quelques années et certaines décisions des autorités réduisant par exemple le nombre des passagers dans les bus sont entre autres les motifs avancés par les transporteurs pour justifier ces tarifications sans cesse revues en hausse. Mais sur le terrain, même lorsque la tendance est baissière côté carburant, ces transporteurs maintiennent les prix sans s’inquiéter et très solidaires, ils tiennent en laisse les autorités en charge du secteur, menaçant à la moindre remontrance d’organiser des grèves.
Pour bon nombre de voyageurs tchadiens, l’Etat est complice de ces situations qui ne font que les étouffer. Pour ceux la, il est inadmissible voire impossible dans un pays dit pétrolier que les voies ne soient pas bitumées et de voyager dans des conditions difficiles à des prix exorbitants. « Tous les jours, le service du Fond d’Entretien Routier fait des recettes de millions de Fcfa mais les routes sont dégradées et de l’autre côté, les transporteurs en profitent pour fixer les prix comme ils veulent et c’est nous les consommateurs qui subissons, ça doit changer »,s’est emporté, Valentin M, un voyageur, rencontré dans une agence de voyage à Dembé.
Cette situation doit interpeller les autorités tchadiennes. Les pays voisins du Tchad eux, s’organisent bien dans ce domaine et les conséquences sont nombreuses et plutôt profitables à tous. Le Tchad à la traine comme dans bien de domaines, doit tout revoir en terme de transport pour une mobilité fluide.