Culture

Denis Sassou Geuipeur, le «pêcheur d’images»

Denis Sassou Geuipeur, le «pêcheur d’images» 1

La passion pour la photo de Sassou Geuipeur Denis ne date pas d’hier. Très jeune, il ne rêvait que de la photographie. Considéré comme l’un des jeunes prodiges de ce secteur au Tchad, l’artiste révèle à travers ses prises magnifiques, la beauté des personnes et de la nature.

La posture, le grain de peau, le paysage, l’accoutrement, tout est mise en valeur dans les photographies de Denis Sassou Gueipeur. Pour obtenir ce résultat, les gestes du photographe sont minutieux et précis. Celui-ci dit aimer s’imprégner des lieux avant de décrocher son boitier. « La photographie n’est pas seulement une question de maitrise technique, c’est un art. Etre un bon photographe c’est savoir lire le sujet qui est en face de soi. A travers la photographie on passe des messages. Moi j’aime faire ressortir les choses chez les gens, notamment dans leur regard, c’est comme si on arrive à percevoir une émotion, à figer quelque chose de complètement unique », raconte-t-il.

C’est sur les bancs de l’école, que le photographe développe sa passion pour l’image. «J’étais sollicité quand il y’avait des cérémonies de mariage, de baptême…. A l’époque, il y’avait pas d’appareils numériques, j’utilisais les Yashika, et ce n’étais pas facile. Il y’avait des clichés qu’il fallait développer et du coup tu ne sais pas si la photo que tu fais est réussie ou pas. C’était plein de ratés, mais aussi des choses qui vont juste incroyablement marcher. En parallèle Je m’étais aussi rapproché des studios photos qui avaient des laboratoires, pour apprendre comment tirer les photos », se souviens-t-il.

En 2012, il embrasse complètement le métier et ouvre son studio, « Gueipeur Fotograph ». L’artiste commence avec peu de moyen et à force de courage et de persévérance, il se fraie un chemin. « Je ne regrette pas d’avoir embrassé ce métier. Après plus de 10 ans dans la photographie, après toutes ces années de sacrifice, Je peux dire avec certitude que je vis à cent pour cent de mon travail. Aujourd’hui les portes me sont ouvertes partout grâce à la photographie», se réjouit-il.

Reconverti dans le photojournalisme il y’a trois ans, le photographe est désormais beaucoup plus sollicité par les Ongs et humanitaires. « À un moment donné, j’ai eu une autre vision de la photo qui n’est pas celle du studio. J’avais envie de faire des photos expressives qui peuvent voyager, qui peuvent interroger les gens », confie-t-il. Et de poursuivre, « J’ai fait des formations pour me spécialiser et je suis déjà à ma certification en tant que photographe reconnu mondialement. Je représente également plusieurs institutions internationales en image. Des grandes maisons d’images tels que Getty images, factory m’ont confié la tâche de les représenter, je suis accrédité par eux ici au Tchad ».

Le métier de photographe nourrit son homme, cependant Sassou Geuipeur recommande aux jeunes qui veulent se lancer dans le métier d’être des bosseurs. Parce que« c’est tout un tas de sacrifice. Il faut se former sans cesse, suivre des cours en ligne et suivre les ainés qui sont dans le domaine sur des plateformes ».

Si l’artiste initie de temps en temps des formations en photographie pour permettre aux jeunes de bénéficier de ses connaissances, pour lui ce n’est pas assez. A seulement 33 ans, l’administrateur de formation rêve d’un centre d’apprentissage en photographie pour son pays. « La photographie a de l’avenir au Tchad, rien qu’à travers les photos que nous publions sur les réseaux sociaux, nous avons un peu changé l’image du Tchad. Et même si beaucoup ne veulent pas l’admettre, nous avons montré une autre image de notre pays au monde entier. J’ai un projet qui me tiens à cœur : créer un centre d’apprentissage en photographie, j’ai déjà entamé les démarches et j’ai des confrères d’ailleurs qui me soutiennent et m’accompagnent. J’espère qu’un de ces quatre matins, nous aurons un institut en photographie au Tchad », espère-t-il.

Kedaï Edith