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Le Pays a rencontré Casimir Ninga

 Le Pays a rencontré Casimir Ninga 1

Interview de Ninga Casimir parue dans Le pays N°006

La débâcle des Sao pendant les éliminatoires de la CAN 2017, l’avenir de l’équipe nationale, ses débuts avec Montpellier. L’attaquant du club heraultais n’esquive aucune question dans cet entretien réalisé deux jours avant le forfait des Sao des éliminatoires de la Can 2017.

Les Sao espéraient pouvoir se relancer face à la Tanzanie mais finalement vous avez perdu, qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Casimir Ninga: En  fait, on a mal préparé ce match.  La préparation a débuté avec les locaux et cela n’a pas été facile surtout avec les sempiternels problèmes  de primes de récupération et de transport. Cela nous à causé du tort. Aussi, il faut ajouter notre arrivée tardive. Je fais allusion à Morgan, Azarack et moi-même. Nous sommes  arrivés pratiquement  à la veille du match, à minuit. Il ya aussi la fatigue. Dans des conditions pareilles, à quoi peut-on véritablement s’attendre ? Le collectif a manqué dans le jeu. On  n’a pas été une bonne équipe face à la Tanzanie qui est bien en place. 

Mais fondamentalement, en  revoyant le match d’aujourd’hui, qu’est-ce qui n’a pas marché ?

C N: Il faut dire simplement qu’au niveau de l’attaque,  nous avons été  tous maladroits. On n’a pas su mettre de la pression dans le jeu comme il se le doit. C’est un désordre total. Lorsqu’Ezéchiel part en vitesse, Leger ne suit pas. Pareil pour moi. Entretemps Ezéchiel se fatigue et quand je viens, je suis éliminé. Le milieu a manqué à l’appel. Il est complètement divisé.  Bref, ça  n’a pas été facile sur tous les plans  mais j’espère que d’ici là, on va remettre les choses en ordre au niveau de  l’équipe et jouer en collectif.

Depuis la coupe de la CEMAC, on espérait plutôt que l’équipe nationale allait monter en puissance mais vous allez de débâcle en débâcle, vous avez perdu face à l’Egypte, face au Nigéria et là face à la Tanzanie, qu’est-ce qui manque aux Sao ?

C N: Il faut comprendre que tout cela est du au manque d’organisation. On a joué un match capital contre l’Egypte pour la qualification de la coupe du monde. On a remporté le match à domicile. Après, on s’était mis dans la tête qu’on devait voyager tel jour pour jouer le match retour. Nous  étions tranquilles. Puis, à notre grande surprise, on nous fait savoir qu’il n’ya pas d’avion pour nous faire voyager.  Il a fallu courir  de gauche à droite pour nous faire voyager dans des conditions peu confortables. On est arrivé en Egypte peu avant le match.  On s’est habillé depuis l’avion pour arriver au terrain. On a pris 4 à 0. Et là, ça ne peut pas aller. Un joueur devrait être à l’aise pour jouer. On ne peut pas voyager le jour du match et jouer le même jour. C’est impossible !

Sur le potentiel technique des joueurs, est-ce que vous pensez que vous avez de quoi pouvoir former un vrai groupe ?

C N: Si ! On a des joueurs talentueux. Ceux là qui jouent au pays même sont bons.  Mais  il se pose un  problème de soutien. Quand on veut  faire une équipe, il faut procéder au regroupement à temps pour pouvoir constituer une bonne équipe. Ce qui n’est pas le cas chez nous.  On rappelle toujours les joueurs à deux ou trois jours du match. Regardez les Tanzaniens, ils se sont regroupés à temps et ont pu préalablement livrer deux matchs  contre l’Algérie. Ils  ont fait 2 à 2 à la maison  avant d’aller perdre à l’extérieur. Alors, il est souhaitable que nos  entraineurs tirent toutes les conséquences de ce match.

Ça fait déjà quelques mois que vous êtes à Montpellier, avec un départ en trombe alors comment ça se passe maintenant ?

C N: Quand je suis arrivé à Montpellier, il y avait de la pression puisque  là-bas, c’est un sport de haut niveau. Je suis arrivé, j’ai fais un essai d’une semaine, et cela a marché. Ils m’ont fait confiance, surtout le coach. Il  m’a dit : «  je te fais confiance. Fais comme si tu es au Gabon, joues comme tu as l’habitude de le faire et le reste va suivre ». Les amis, les coéquipiers m’ont dit : «  Casimir fais ce que tu connais, nous sommes là et on va t’aider ».  Voila ! Je me sens bien à l’aise à Montpellier. J’ai aussi l’assurance du soutien de mes coéquipiers.

Racontes-nous ton premier match, comment tu te sentais au fond de toi ?

C N: Je ne m’attendais pas, j’étais sur le banc au match contre Toulouse. Il  y avait Julius Marvot qui était blessé. On  était là, les attaquants : Bakar Djamel, Souleymane Camara, un ancien, qui était super gentil avec moi et c’est quelqu’un que je ne peux pas oublier. Le coach, Courbis m’appelle « Casimir ». Quand j’ai écouté mon nom j’ai eu un frisson  car je ne m’y attendais pas. Les amis m’ont dit d’aller, « Casimir vas-y !».  Je me suis  levé sans m’échauffer, je suis rentré en jeu et j’ai fait un super match et ça été rassurant. 

Par la suite les médias ont commencé à s’intéresser à toi, alors j’imagine comment tu as pu gérer tout ça, parce que tu es arrivé tout d’un coup sous les feux des projecteurs ?

C N: Oui mais, je resterai toujours Casimir Ninga. C’est  le premier match de Toulouse qui m’a donné confiance. Après le match, le coach m’appelle et me dit : «  voilà Casimir tu as fait une bonne entrée, moi je te fais confiance et tu va rejouer le match de Bastia et tu seras titulaire ». Quand je suis arrivé, j’ai eu de contacts avec les amis qui m’ont dit « voilà Casimir, on te dit la vérité, on va profiter de ta vitesse, on va t’utiliser comme un joker. Tu pars en profondeur, on te met le ballon ». A mon deuxième match contre Bastia j’avais marqué. Quand j’avais marqué, j’ai pris confiance. Je me dis bah !, je fais la même chose que je faisais  au Gabon. Au Gabon,  j’ai l’habitude de marquer alors  ici également  je peux faire pareil. C’est un métier que Dieu m’a donné.  Quand  je suis devant un adversaire, je n’ai pas peur et c’est dans mes habitudes.

Après tu mets un doublé à Steve Madanda qui est le deuxième gardien de l’équipe de France, ça a changé quelque chose en toi ce soir là, est-ce que tu t’es revu autrement ?

C N: Marseille est une grande équipe. Et le match contre Marseille est un derby du Sud de la France même si, le grand derby oppose  Paris à Marseille. Le coach m’appelle un bon matin et demande si ça va. Je le rassure que  ça va très bien. Il enchaîne: « es-tu prêt ? ». Je lui réponds « toujours prêt coach ». Nous sommes  rentrés au terrain. Le Vélodrome, c’est un grand stade, il y avait plein de monde. C’est ma première fois de jouer là-bas. J’ai fais un beau match contre Marseille.

L’autre image, c’est aussi le match contre PSG, on vous a vu front contre front avec Di Maria, qu’est-ce qui s’est passé ?

C N: En fait, c’est Di Maria qui m’a poussé en premier  et moi aussi j’ai fais autant. Il  m’a injurié « fils de pute ». Je  dis non ! Tu ne peux pas m’insulter fils de pute. Je lui ai rendu la monnaie. Les amis ont intervenu par la suite. Il voulait m’intimider. Il a joué au Real Madrid, Paris Saint Germain, il se croit supérieur, je lui ai dit on joue dans le même championnat. Il faut qu’on se respecte. Il me pousse, je le pousse et après on s’est demandé pardon. Le football, c’est le Faire Play.

Aujourd’hui, comment tu vois la fin de saison pour Montpellier et ton avenir en Ligue 1 ?

C N: Vraiment, c’est une très bonne question. La fin de la saison s’annonce un peu rude pour nous.  Il  nous faut 6 points pour nous maintenir en ligue 1 et il nous reste  en tout 7 matchs, non des moindres. 2 matchs à domicile et 5  matchs à l’extérieur. Ce sont tous des  matchs très importants pour nous. On a perdu 3 à 0 à domicile contre Sainte Etienne, samedi dernier.  Le prochain va se jouer  à l’extérieur contre Guingamp qui se trouve pratiquement dans la même situation que la nôtre et qui voudra à tout prix gagner pour espérer se maintenir en ligue 1. Donc vous voyez déjà à ce niveau que ça ne va pas du tout  être facile pour nous.  Mais nous, on reste sereins, on  cherche les 6 points.

Pour toi, c’est quoi le rêve ultime, tu es jeune, tu rêve d’arriver à quel niveau ?

C N: Mon rêve, quand j’étais petit, je voulais être pro, Dieu merci j’essaye ma première licence en Ligue 1. Pour l’avenir, je ne sais pas ce que Dieu me réserve mais je vais bosser dur pour aller loin.

Aujourd’hui, après Toko et Japhet, tu es le 3ème tchadien qui arrive à ce niveau et tu es devenu un modèle pour la jeunesse, si tu avais un message ce serait quoi ?

C N: Moi-même, actuellement je suis jeune et j’apprends toujours à côté de mes grands frères tels que Karl Max, Ezéchiel et Leger qui me donnent toujours de conseils. « Il faut respecter ton ancien si tu veux aller loin ». Tout ce que je demande aux jeunes c’est de beaucoup travailler. La magie du football, c’est le travail. Le  reste viendra tout seul.

Propos recueillis par MN