N’Djamena, la capitale tchadienne affublée du surnom de « vitrine d’Afrique centrale» par un ancien maire de la capitale, devient de plus en plus insalubre. Elle abrite environ 2 millions d’habitants mais les conditions dans lesquelles vivent ces populations deviennent inquiétantes. Ces derniers ne cessent de se plaindre.
Nous sommes jeudi, il est 8h00 au marché d’Atrone appelé communément «Avd», au côté nord, l’air est irrespirable, plus de la moitié de la voie est occupée par une montagne de déchets. « Avec ça là, ils disent que N’Djamena est la vitrine de l’Afrique centrale » ? s’énerve Mélanie, une étudiante qui se hâte pour rattraper le bus pour l’université de Toukra. Comme à Atrone, au marché de Dembé aussi, sur l’axe 10 octobre – échangeur, les commerçants s’installent pèle mêle jusqu’au goudron, sur les tas de saleté pour vendre les légumes, fruits et diverses marchandises. « On va faire comment ? La mairie passe souvent prendre les 100f pour nettoyer mais rien, chaque jour, les tas d’ordures augmentent », se lamente Christine, vendeuse au marché de Dembé avant de poursuivre « la journée de samedi était décrétée pour le nettoyage mais depuis longtemps, ils ne nettoient plus ».
La ville de N’Djamena compte 70 quartiers répartis dans 10 arrondissements, quelques rares quartiers seulement comme Djambalgato, Bololo, Djambal Bahr qui sont entretenus par les agents de la mairie au détriment des autres comme Chagoua, Gassi, Diguel, Walia… « Les gens de la mairie déploient l’essentiel de leurs effectifs pour le nettoyage du centre-ville et de la zone résidentielle comme pour montrer aux visiteurs étrangers que la ville est coquette », constate un sociologue. Pour le reste, dans les arrondissements comme le 5e, 6e, 7e, 8e et 9e, les populations sont confrontées aux déchets de tout genre et exposées ainsi aux différentes maladies.
L’insalubrité, s’invite même dans les écoles, lieux censés éduquer à l’hygiène, c’est le cas de l’école communale de Ndjari khawas dont la cour et les pourtours sont remplis de détritus. N’Djamena de manière générale, ploie sous les saletés. Malgré les efforts fournis par la mairie centrale qui, comme le reconnaissent certains responsables de communes, est sous équipée et certaines plateformes de la place comme les U-reporters qui se mobilisent pour passer un coup de balai de temps en temps. « Par le passé, nous nous sommes mobilisés et avons cotisés de l’argent pour acheter de quoi nettoyer notre secteur mais avec le temps, tout le monde a abandonné. Maintenant regardez, il y a de la saleté partout et nos enfants sont exposés aux maladies de toute sorte » affirme Bernard, un chef de famille dans le 6e arrondissement.
«N’Djaména la poubelle de l’Afrique»
Pour certains, l’insalubrité à N’Djamena est due au comportement des habitants eux-mêmes. « Comment avoir une ville propre si chacun n’en fait qu’à sa tête ?» S’interroge Hassan Abdoulaye, un habitant du quartier Amriguébé. «Il y ceux qui déversent leurs poubelles dans les caniveaux juste devant chez eux, comment voulez-vous que le quartier soit propre » ? S’indigne-t-il. Pour Fatimé Zara de Dembé, « L’insalubrité est due au manque de bacs à ordures et de lieu de dépôt d’ordures » ce qui justifie-t-elle, « amène certains ménages à déverser les eaux usées et les ordures sur la route ». Cette situation est à l’origine des odeurs nauséabondes et cause des maladies tant chez les enfants que chez les adultes. Selon Madjilem Alphonsine, présidente de l’Association des femmes pour le dynamisme citoyens (Asfedyc), qui lutte contre l’insalubrité à N’Djamena, «N’Djamena n’a pas encore l’image d’une capitale, elle est plutôt la poubelle de l’Afrique centrale parce que dire qu’elle est la vitrine de l’Afrique centrale », affirme-t-elle avant de s’interroger : « Où en sommes-nous avec la décision interdisant l’utilisation des plastiques ? ». Selon elle, « les décisions prises pour rendre cette ville propre tombent toujours à l’eau». Selon elle, la population est exposée aux maladies telles que la grippe, la gale, la poliomyélite, la diarrhée, la fièvre typhoïde etc.
Ngonmba Gloria, stagiaire