La cherté de la vie qui affecte tous les secteurs et ce, depuis plusieurs mois, ne cesse d’inquiéter les Tchadiens. Alors que les prix des denrées de premières nécessités ont augmenté de manière vertigineuse sur le marché, le coût du transport est venu s’ajouter.
Il suffit de faire un tour dans les marchés de la capitale pour se rendre à l’évidence de la flambée des prix des produits de première nécessité. Cette situation qui dure depuis plusieurs mois, va croissant et affecte considérablement le panier de la ménagère. Au marché de Dembé que nous avons sillonné il y a quelques jours, la tristesse se lit sur les visages. « Rien ne va plus franchement, quoiqu’on veuille acheter dans ce marché, on se rend compte que les prix ont encore grimpé», murmure une dame à la sortie d’une boutique.
Le coro du sucre qui coûtait 2500f est passé à 3000f, une information qui n’a pas été du goût de cette dernière. À côté, le café, le lait en poudre, le thé aussi ont augmenté d’au moins 20%. Adjé, la commerçante tente de s’expliquer. « On nous accuse d’augmenter les prix à notre guise, ce n’est pas vrai. C’est parce que les grossistes chez qui nous nous approvisionnons ne nous font pas cadeau. Ils disent que tout a augmenté depuis la guerre en Ukraine et avec la guerre au Soudan, les choses se sont empirées. Tout commerçant fixe les prix en fonction du prix d’achat et surtout de l’évolution du marché », se justifie-t-elle.
L’huile raffinée qui est pour beaucoup, un élément essentiel dans la cuisine, est passé de 750f en 2021 à 2000f voire 2100f à ce jour et l’huile d’arachide communément appelé “andouria’’ a aussi emboitée le pas. Le secteur des céréales n’est pas du reste. Le sac de maïs coûte 28.500f voire 30.000f actuellement et celui de riz 65.000f alors qu’ils coûtaient moins il y’a quelques temps.
La flambée de prix touche aussi le secteur du transport interurbain à cause de l’augmentation des prix de gasoil à la pompe. Depuis que le syndicat des transporteurs du Tchad a fixé de nouveaux tarifs de transport, les usagers ne cessent de se plaindre. Dans une agence de voyage de la place, l’engouement est presque le même ce matin du 12 mai 2023.
Cependant, c’est par contrainte que les gens voyagent, nous fait savoir Nestor venu acheter son ticket pour Moundou. « Quand les agences décident d’augmenter les frais de transport sans tenir compte de ce que gagne le tchadien lambda, on n’y peut rien. Ce qui se passe dans ce pays dépasse notre entendement », fait-il savoir. Le jeune homme doit débourser désormais 12 500f au lieu de 10 000f pour N’Djaména-Moundou. Même pour le transport urbain, les populations dépensent aujourd’hui plus qu’hier, que ce soit en bus ou en mototaxi du fait de la pénurie de carburant. Ce qui a poussé certains syndicats à la grève.
Selon le président du collectif tchadien contre la vie chère, Dingamnayel Nely Versinis, la cherté de vie est entretenu par le gouvernement et les commerçants «Au temps de Deby père, la vie était chère c’est vrai, mais ça s’est accentué reconnaissons-le avec l’arrivée de la junte au pouvoir dont la volonté politique est d’asservir les populations. Ils ont laissé le champ libre aux commerçants de faire ce qu’ils veulent sur le marché », déclare le résident du collectif contre la vie chère.
Il ajoute que les arguments de la guerre en Ukraine et celle au Soudan avancés par les commerçants et le gouvernement ne tiennent pas la route. «La plupart des aliments que nous consommons ne viennent ni de l’Ukraine, ni du Soudan, c’est juste des alibis que les commerçants ont monté de toute pièce pour alarmer la population», souligne-t-il.
Pour lui, seule la population a le pouvoir de mettre un terme à la flambée des prix qui s’accentue au Tchad. « C’est à nous de défendre notre cause. C’est à nous, la population de dire non; trop c’est trop à travers une synergie d’actions », martèle Dingamnayel Nely Versinis.
Ndjondang Madeleine