Dans un mémorandum adressé au Président de transition, la conférence épiscopale du Tchad (Cet) interpelle sur l’insécurité qui se propage, la pénurie des denrées de première nécessité et la composition de la commission nationale chargée d’organiser le referendum constitutionnel (Conerec).
Selon les des évêques du Tchad, Il est difficile pour un esprit averti de croire que les tueries et les pénuries des denrées de premières nécessitées au Tchad sont contingentes et accidentelles. Ils sont révélatrices d’un mode de gouverner et de courants de pensées qui doivent changer pour ne pas donner une mauvaise réputation à notre pays. « Ces situations créées volontairement ou par ignorance constituent des défis, et doivent nous interpeller tous, mais en tout premier lieu les gouvernants qui se sont donné comme seule raison d’être, de garantir la sécurité et le bien-être de leur peuple », souligne-t-elle.
La liste des conflits sanglants et des victimes de l’épée, des flèches des lances et des balles est longue et macabre au Tchad, poursuit la Cet, «au Salamat, dans le Moyen Chari, dans les deux Logones, le Mayo Kebbi Est et Ouest, à l’Est comme à l’Ouest du pays et au Centre dans le Guéra, c’est la même désolation et la liste n’est pas exhaustive».
Si pour justifier les tueries du 20 octobre 2022, les autorités brandissaient le mot insurrection. Et maintenant, les femmes qui sont en train d’être massacrés dans le Logone oriental, sont-ils aussi des insurgés et des rebelles? S’interrogent les évêques.
Qu’à l’origine il y’ait des conflits intercommunautaires ou la brutalité des forces de défense et de sécurité, les évêques du Tchad estime que tous ces crimes sont imputables à l’autorité et à la mauvaise gouvernance des conflits. «Le sang et les larmes des tchadiens a assez coulé et il faut que cela s’arrête. Le Gouvernement doit agir en toute impartialité et au nom du droit, s’il ne veut pas être accusé d’en être l’auteur et d’utiliser la terreur comme moyen pour gouverner, se maintenir au pouvoir ou le conserver », déclarent les hommes de Dieu.
Les pénuries de toutes sortes affaiblissent notre peuple et le tuent à petit feu, révèlent les évêques. Pour eux, la pénurie des produits pétroliers et ses conséquences sur l’ensemble des secteurs de la vie des personnes et des institutions sont tout simplement incompréhensibles pour un pays producteur de pétrole. «Gouverner c’est prévoir dit-on…mais la pénurie que nous vivons aujourd’hui ne peut s’expliquer par un manque de prévision. Le prétexte de l’entretien de la raffinerie est tout simplement une insulte lancée à l’endroit de l’intelligence des Tchadiens et donc un mépris du peuple. Tout provient d’un calcul cynique et aucune explication ne peut justifier», déplore l’église catholique.
Le premier et le deuxième forum sous feu le maréchal du Tchad, le Dialogue national inclusif et souverain ont clairement montré les manipulations des consciences avec les conséquences que nous connaissons. Le référendum en préparation nous réservera-t-il le même sort ? Certains signes prémonitoires ne laissent aucun doute, alerte la Cet.
La Conorec, dans sa composition et à tous les niveaux n’inspire pas confiance. Ne sera-t-il pas, questionne les évêques du Tchad, «un instrument de plus à ajouter à la stratégie actuelle d’appauvrissement et de terreur pour la conservation du pouvoir de la terreur car c’est ce peuple réduit à la misère qu’on se prépare à convoquer au referendum?».
Les Pasteurs de l’église, souhaitent que les plus hautes autorités du Pays soient attentives à ces cris du peuple. Pour arriver à cela, «appliquons-nous à pratiquer la justice et le droit, à rechercher la paix, la sécurité et le bien-être pour tous en refusant de nous compromettre dans des pratiques courantes chez nous, le népotisme, la corruption et toutes les formes d’exclusions».
En outre, les évêques du Tchad, invite tous les fidèles catholiques qui sont à des postes de responsabilités de sortir de leur silence et d’œuvrer avec courage pour que le processus du referendum enclenché se déroule dans la transparence, la justice pour garantir une paix véritable et durable.