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La cour d’appel d’Abéché ouvre la première session criminelle

La cour d’appel d’Abéché ouvre la première session criminelle 1

La cour d’appel d’Abéché ouvre la première session criminelle

C’est dans la grande salle d’audience du Tribunal de grande instance d’Abéché que la cour d’appel d’Abéché, ouvre le lundi  31 juillet 17  la première  session criminelle en présence du Coordonnateur du Programme d’appui à la justice au Tchad Issa Tom et le directeur des affaires judiciaires et de l’administration pénitentiaire Alghasim Khamis ainsi que les autorités administratives, militaires et civiles de la région du Ouaddai.

La formation  aura à examiner 33 dossiers.  Il s’agit de 8 dossiers pour assassinat ; 13 pour  meurtre ; 4 dossiers d’association de malfaiteurs; trois de viol ; 2 d’infanticide et un pour vol à main armée ainsi qu’un dossier de détournement des derniers publics. Dans ses réquisitions Namia Fulgent, le procureur Général, près  la cour d’appel d’Abéché a relevé que les présentes sessions sont rendues possible  grâce au  PRAJUST, partenaire du Tchad qui s’est engagé financièrement pour la tenue de la dite session. « Avec la crise économique que connait le pays, les sessions ordinaires n’ont pas été tenues depuis 2015 », informe-t-il.

Pour lui, l’importance de cette session n’est pas le nombre des dossiers mais c’est la réponse  aux préoccupations des victimes  et des accusés  qui attendent à connaitre leur sort depuis des années. Sur ce,  il invite donc la cours à être attentive et à examiner les dossiers qui leur seront soumis. « Votre impartialité sera de mise afin  que le droit soit dit », dit-il à la cour.

Le Procureur Général Namia Fulgent a en outre  dénoncé l’immixtion du pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires. « Ce qui étonnent les magistrats, c’est l’auto-invitation des autorités administratives, en occurrence les préfets, sous préfets, les autorités militaires et traditionnelles à vouloir coute que coute trancher les  affaires relevant du juge. Dans un passé récent, ce phénomène paralysait le fonctionnement régulier de juridiction dans le  Ouaddai.  Pire, les commandants de brigades et commissariats qui sont des officiers de police judiciaire s’érigent en de véritables juges et ont le droit de vie ou de mort sur les paisibles citoyens. Le souci constant des partenaires en développement du Tchad est le renforcement de l’Etat de droit, l’amélioration à l’accès à la justice, bref la bonne gouvernance. Comment peut-on atteindre cet  objectif qui est assigné aux deux pouvoirs à savoir l’exécutif et judicaire si l’autorité administrative et judiciaire ne travaillent pas en symbiose à fin d’assurer la paix ; la justice sociale et la sécurité de nos population ? Comment peut-on parler de l’Etat de droit qui implique forcement le respect de droits et règlements ?» s’indigne le procureur Général. Il rappelle donc les autorités administratives à travailler en synergie, de manière séparée pour que les tchadiens ne se plaignent pas dans leur propre pays. « Si chacun de ces deux pouvoirs fait son petit métier, il n’y aura pas de problème ni de conflit» conclu t-il. 

 « Même dans nos rangs, les difficultés liées à l’incompétence  de certains magistrats formés au rabais, l’indélicatesse, l’insubordination  et l’absentéisme sont autant de maux qui empêchent  le bon fonctionnement de l’appareil judiciaire », déplore-t-il.

Pour la bonne  marche de l’appareil judiciaire,  le procureur Général invite donc aux associations des droits de l’Homme et leaders d’opinion  de dénoncer les comportements des juges qui frisent en vue d’un changement. « Vous détenez le pouvoir de dénoncer les actes des magistrats qui frisent contre les valeurs de République.   Ce par ce geste que vous parviendrez contribuer à la bonne gouvernance », exhorte t-il. C’est sur ces entrefaites que le président de la cour Adoum Ousmane suspend l’ouverture de l’audience solennelle avant de procéder à l’examen des dossiers.

 

Miriam Djibangar