Dans un nouveau rapport rendu officiel ce 20 avril 2o23, le Fond des nations-unies pour l’enfance (Unicef) indique qu’en l’espace de trois ans, 67 millions d’enfants ont été privés d’un ou de plusieurs vaccins en raison des perturbations induites par la pandémie, notamment la surcharge des systèmes de santé et la réaffectation des ressources déjà maigres, mais aussi du fait des conflits, des contextes de fragilité et d’une perte de confiance à l’égard de la vaccination.
Les nouvelles données, recueillies par The Vaccine Confidence Project et publiées aujourd’hui par l’Unicef indiquent que la Chine, l’Inde et le Mexique sont les seuls pays étudiés dans lesquels l’importance perçue des vaccins est restée stable ou a même progressé. «Dans la plupart des pays, les personnes âgées de moins de 35 ans et les femmes étaient plus susceptibles d’être moins convaincues de l’importance de faire vacciner les enfants après le début de la pandémie», constate le rapport.
Selon le rapport, la vaccination continue de remporter un soutien relativement important en dépit des baisses observées. «Dans presque la moitié des 55 pays étudiés, plus de 80 % des personnes interrogées ont en effet jugé qu’il était important de faire vacciner les enfants», informe le rapport. Cependant, le document met en garde contre le risque de voir s’accentuer la menace posée par cette réticence à la vaccination, sous l’effet cumulé de plusieurs facteurs tels que l’incertitude relative à la riposte contre la pandémie, l’accès plus généralisé aux fausses informations, la perte de confiance à l’égard des experts et la polarisation politique. « Au plus fort de la pandémie, les scientifiques ont su développer rapidement des vaccins qui ont permis de sauver d’innombrables vies. Malgré ce succès historique, la crainte et la désinformation autour de la vaccination en général se sont pourtant propagées à aussi grande échelle que le virus lui-même », a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’Unicef.
Le rapport indique que les enfants non vaccinés vivent dans les communautés les plus pauvres, les plus reculées et les plus marginalisées, dans des pays parfois en situation de conflit. «D’après les nouvelles données produites aux fins de ce rapport par l’International Center for Equity in Health, 1 enfant sur 5 au sein des ménages les plus pauvres n’a reçu aucun vaccin, contre 1 sur 20 au sein des ménages les plus riches». Selon le rapport, les enfants non vaccinés vivent dans des communautés difficiles d’accès (par exemple, en milieu rural ou dans des bidonvilles) et sont nés de mères qui n’ont pas pu aller à l’école et qui ont peu d’influence sur les décisions familiales. «Ces problématiques sont d’autant plus présentes dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où l’on recense environ 1 enfant zéro dose sur 10 en milieu urbain et 1 sur 6 en milieu rural. Dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, en revanche, l’écart est pratiquement nul entre ces deux milieux», ajoute le document.
Pour résoudre cette crise de la survie de l’enfant, l’Unicef appelle les gouvernements à accroître leurs investissements en faveur de la vaccination et à collaborer avec les parties prenantes pour débloquer les ressources disponibles, notamment le solde des fonds alloués à la lutte contre la Covid-19, de façon à déployer de toute urgence des campagnes de rattrapage et à intensifier la vaccination afin de protéger les enfants et de prévenir des flambées épidémiques.
« Les vaccins ont sauvé des millions de vies et protégé des communautés tout entières contre des maladies mortelles », a précisé Catherine Russell. « Nous savons trop bien que les maladies ne s’arrêtent pas aux frontières. La vaccination de routine et la robustesse des systèmes de santé sont nos meilleurs atouts pour éviter de futures pandémies, à l’origine de décès et de souffrances inutiles. L’heure est venue de tirer parti des ressources restées à disposition à l’issue des campagnes de vaccination contre la Covid-19 afin d’investir dans le renforcement des services de vaccination et dans la mise en œuvre de systèmes pérennes, pour chaque enfant. », complète-t-elle.
Nguelsou Balgamma