Depuis quelques mois, le panier de la ménagère fait face à la hausse des prix des denrées alimentaires et bien d’autres. Cette spéculation est toujours justifiée par la guerre en Ukraine. Une situation qui appelle la responsabilité du gouvernement
Le soleil est au zénith quand nous sillonnons les ruelles du grand marché de N’Djamena. Entre deux étals, l’on peut entendre, « Salam, ni dora loubia coro waye (Ndlr : bonjour, je veux un Coro de haricot) », lance Nekingam au commerçant qui rétorque en disant 1000f le Coro. De l’autre côté, Kimalah agacé , discute le prix d’une boule de savon avec un commerçant qui réclame 1200f pour trois boules.
Cette flambée de prix des denrées consommables et non consommables a des explications diversifiées par les commerçants. Pour les uns, la guerre entre l’Ukraine et la Russie sont les causes lointaines de la montée du prix des vivres au marché. « Les produits arrivent chers depuis l’origine nous ajoutons juste un 100f ou 150f dessus comme bénéfice », dit Hassan assis derrière son étal.
Pour les autres, la flambée des denrées alimentaires comme le haricot, l’huile, est dû à l’inondation de l’année passée. « Les pluies diluviennes de l’ année passé , a donné une mauvaise récolte et les prix d’achat à la base ont été augmentés par les producteurs, ce qui fait que la revente elle aussi se voit les prix grimper », justifie Assiam.
Le prix du savon qui est un produit incontournable dans la vie des ménages augmente aussi en flèche. Les petites unités de fabrication artisanale du savon imputent cette hausse à la cherté des matières premières, notamment l’huile de palme et la soude caustique. Le prix du savon provenant des autres usines semi-industrielles est, lui aussi, en nette augmentation. « Le prix du savon a connu une augmentation de 150f à 250f, celui qui s’achetait à 800f s’achète désormais à 1200F», déplore Louis. Les utilisateurs de ce produit ne savent plus à quel saint se vouer.
L’Etat a failli en mécanisme de suivi
L’Etat n’a aucun mécanisme de suivi souligne le Président de l’Association de Défense des Consommateurs (Adc) Daouda Elhadji Adam. « Nous sommes dans un phénomène inflationniste qui est le cumul de plusieurs choses. Au-delà de l’inflation, la crise ukrainienne, les changements climatiques, les inondations, en face l’Etat n’a aucun suivi » dit-il.
Le laissez-faire des commerçants est aussi la cause selon le militant contre la vie chère. « Le Tchad est exposé à toutes les tentatives et aléas d’augmentation et il n’y aura pas des répercutions si ces aléas et les causes de cette augmentation disparaissents. Donc quand vous ne surveillez pas, les commerçants, les distributeurs ne cherchent que le profit, à ce niveau on ne doit pas être surpris », explique Daouda El hadji Adam.
« Nous ne pouvons avoir des institutions nationales de la statistique de la direction agricole et du ministère en charge du commerce et ne pas pouvoir avoir un dispositif pour avoir une idée sur l’évolution des stocks, l’évolution des couts de transport, pouvoir réguler, observer et agir », s’interroge le président de l’Adc avant d’ajouter que « le prix est à la tête d’une personne, le prix de la viande est vendu sans pesée, du coup on ne connaît pas le prix au kilo c’est une véritable catastrophe dans notre pays. Comment peut-on avoir une paix sociale dans les foyers si les prix ne sont même pas suivis ? L’Etat a failli en matière de mécanisme de suivi ».
Nekarmbaye Raïssa , Stagiaire.