L’infirmière d’Etat à la retraite, Bertille Kogongar conduit depuis le 27 mars 2022, minibus de transport en commun sur axe Gassi-grand marché. Elle est devenue la première femme tchadienne à se lancer dans cette activité exercée uniquement par des hommes.
Du haut de ses 61 ans, Bertille Kogongar a servi pendant 31 ans comme infirmière. Admise à la retraite en décembre 2021, elle décide d’acheter son minibus avec l’argent de sa retraite. Conduisant sur axe Gassi-grand marché, Bertille Kogongar sort de chez elle au quartier Abena dans le 7ème arrondissement de N’Djamena, à 6 heures pour transporter ses clients. Elle force l’admiration de ses clients et même des autres conducteurs de minibus. « Je me sens bien en sécurité avec elle au volant du minibus que les jeunes qui conduisent. Elle est bien concentrée sur sa conduite et pas avec arrogance mais avec sérénité », indique un client, assis juste à la cabine à ses côtés. « En ma qualité de conducteur sur le même axe que cette dame, j’admire son courage et sa conduite. Moins violente que les autres chauffeurs de bus, respectueuse du code de la route et des clients. Un bon exemple pour les femmes qui attendent tous des hommes », explique Abdoulaye, chauffeur de minibus à Tchadinfo.
Bertille Kogongar fait partie des rares conducteurs de la capitale à respecter le code de la route. « J’ai passé mon permis de conduire depuis 2013 et pour cela, le respect du code de la route reste la meilleure façon de faire dans cette capitale où le respect de ce code pose un véritable problème », explique-t-elle.
Conduire à N’Djaména où la circulation est souvent dense, n’est pas chose aisée et Bertille, informe que rien n’est impossible si l’on croit en soi-même. « Je n’éprouve pas de difficultés majeures à conduire durant toute la journée. Cependant, une femme qui conduit un bus, un événement rare dans notre pays car celles qui conduisent les mototaxi, l’on a vu mais sur les artères avec minibus, non. Du coup, je reçois assez d’encouragement, et de la part des clients que de la part des agents de la brigade de la sécurité routière », se réconforte-t-elle.
Si aujourd’hui, Bertille est, elle-même au volant de son bus, selon elle, cela s’explique par la mauvaise foi des hommes qui conduisent les minibus. « Quand j’avais acheté le minibus, j’ai d’abord prêté à un conducteur qui devrait me verser 20 000 FCFA par jour. Malheureusement, ce que ce dernier ne fait pas. Un autre a fait encore pire. Déçue, je me suis lancée moi-même dans la conduite comme je n’ai aucune activité à la maison », se rappelle-t-elle.
Bientôt un an déjà que Bertille Kogongar est au volant de son bus, elle rassure être à l’aise. « Dès 6 heures du matin, je sors pour rentrer à 17 heures. Ma pause, je la passe juste pendant le moment de stationnement au grand marché ou encore à Gassi pour attendre les clients », informe Bertille Kogongar à Tchadinfo.