A N’Djaména, des marchés anarchiques se créent aux abords des rues
Déjà obstruées par les boues et sables, les rues de N’Djamena sont dans un état de dégradation avancé. Malgré l’étroitesse des rues bitumées, des marchés anarchiques se créent au jour le jour. Ce qui occasionne des accidents de circulation parfois mortels.
Il est 16 heures ce mercredi 12 juillet 2017, sur l’Avenue Pascal Yoadjimnadji à quelques mètres du rond-point à deux voies. Les cyclistes, les motocyclistes, les automobilistes et les piétons se disputent la place devant un marché de fortune créé il y a environ une année. De loin on peut apercevoir les étals de poissons frais. Devant ce marché que beaucoup qualifient d’anarchique, des klaxons retentissent suite aux embouteillages observés aux heures de pointe. L’atmosphère devient suffocante à cause de la fumée des engins qui se dégage. Des altercations sont souvent enregistrées entre les chauffeurs de bus et autres usagers de la voie publique. Très furieux, un automobiliste s’enflamme : « quelle est exactement la mission de la mairie dans cette ville ? ». « Mon ami, au Tchad tout le monde se débrouille même ceux de la mairie. Ces marchés anarchiques profitent aux agents véreux de la mairie », répond un homme devant un étale de poissons frais. Certains clients s’inquiètent du danger qu’accourent les vendeuses « ces femmes nous rendent tellement de service, mais leur position les expose aux accidents de circulation », se plaint une dame transportant un panier rempli de poissons frais.
A quelques jets de pierre de là, un autre marché anarchique est créé près de l’abattoir sur le même axe, menant au Palais de la Démocratie. Devant le Ranch de Chagoua, les étales sont garnis de poissons frais et de diverses marchandises. A 17h, le climat est ambiant. Clients et vendeurs offrent un spectacle digne d’un marché. Véhicules et engins à deux roues sont garés ça et là en obstruant ainsi le passage. La chaussée se rétrécie davantage. Malgré la densité de la circulation, cela n’émeut guère les usagers de ce marché. Chacun fait son business. « Ici, les poissons et viandes sont moins chers », informe Maiwouyang, une ménagère venue pour les achats. Mais pour Mbaiamdéné, ce ne sont pas les prix qui l’amènent dans ce marché chaque jour. « Ce marché se situe sur mon trajet. J’achète souvent des choses à mon retour de boulot. Je pense que ça m’arrange », justifie-t-elle.
A quelques mètres du rond-point cinquantenaire (ex-gazelle), un autre marché est créé sur l’intersection de l’axe EET 22 et Avenue Taiwan. Là, c’est la plupart des vendeurs de poissons qui prennent d’assaut les lieux. « Il y a des tas de 1500, 2000 et 2500 FCA », lance la vendeuse aux passants. « C’est moins cher mon patron, viens tu auras encore de cadeaux », dit une autre vendeuse devant son étale à un homme venu pour acheter du poisson. Pendant que ces vendeuses, se livrent à leurs activités, à coté, chauffeurs de bus et clandomen se disputent aussi les abords de cette rue qui est dans un état de dégradation indescriptible. Le climat de ce marché inquiète certains usagers : « j’ai tellement peur de l’engouement de cet endroit, c’est pourquoi je viens moi-même chercher les poissons quand j’en ai besoin », confirme un client devant les étales.
Ces marchés sont stratégiques pour la clientèle et pour échapper aux dérangements de la mairie dans les marchés légaux. « Nous sommes moins nombreuses et la vente est encourageante », déclare une jeune vendeuse. Cependant, « Nous avons toujours de différends avec les agents de la mairie à cause de droit de place malgré que le marché est illégal », précise une autre vendeuse. Le phénomène continue à prendre de l’ampleur malgré qu’un nouveau marché de poissons est créé à chagoua pour desservir ceux de Dembé et rond-point chagoua. « La réglementation de ces marchés par la mairie permettra d’assurer la sécurité des usagers », souhaite un riverain du marché de poissons.
Doumtardome Lazare
