Parmi les films favoris de la 28ème édition du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), la «Reine du Guera » fait partie des sélectionnés dans la catégorie animation. Un dessin animé passionnant, beau atypique a l’image de sa réalisatrice, Salma Khalil Alio.
Avec ses 1,58 mètres et sa peau d’ébène éblouissante, Salma Khalil Alio artiste pluridisciplinaire, infographiste, plasticienne et poète, est ce qu’on appelle une femme qui a la suite dans les idées. Enfant, elle se souvient consacrer au moins des heures par jour aux films d’animation. « J’adorais les regarder les à la télévision. C’était un univers qui me faisait rêver. Tout en les observant, je me posais des tas de questions tel que, pourquoi les entreprises qui réalisent ces films ne les faisaient pas sur les contes africains, tchadiens ? Et à la fin, je me suis dit que si eux l’ont fait, pourquoi pas nous ? Surtout qu’eux à leur époque n’ont pas eux le privilège d’avoir tous ces outils technologiques qui sont à notre disposition aujourd’hui », raconte-t-elle.
Son rêve d’enfance de créer un dessin animé 100% tchadien, c’est en 2016 que Salma le débuta avec l’adaptation d’un conte séculaire ancestral, qu’elle présente avec un regard neuf et décomplexé. « C’est un conte qui m’a été narré par ma maman qui lui a été également conté par sa maman et ainsi de suite… le conte raconte l’histoire d’une fille qui étais aller chercher de l’eau toute seule et à rencontrer dans la forêt une sorcière qui va la changer en créature surnaturelle. Pour pouvoir l’adapter à mon film « Reine du Guera », j’ai dû le réinventer et l’innover », informe-t-elle.
La « Reine du Guera », c’est aussi des mises en scène et des décors fabuleux inspiré selon l’artiste, de toute les cultures ancestrales tchadiennes. « Ce qui me plait dans l’animation, c’est qu’il me permet de faire deux choses auxquelles je tiens, quelques chose de joli et qui procure du plaisir. Moi je trouve que notre culture est belle et est un réservoir d’inspiration alors, pourquoi ne pas puiser dans cette beauté et le restituer de façon digitale. Pour dessiner le conte entier , je me suis inspiré par exemple des vêtements ancestraux de la région du Guéra comme le « Guaba » et le « Tchaka » qui ressemble un peu au Faso Danfani du Burkina Faso », indique-t-elle.
Amoureuse du travail bien fait, l’originaire de la province du Guera, confie avoir été surprise par la sélection de son dessin animé pour compétir au Fespaco. « Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai été tout d’abord surprise pas parce que je n’avais pas confiance en moi, mais parce que je suis une perfectionniste, quand je fais un travail, je vais au-delà de mes limites et avec la « Reine du Guera » je me disais toujours qu’il manquait quelque chose. Puis, j’ai ressenti un sentiment d’accomplissement et de fierté, pour mon pays le Tchad , car c’est avant tout lui qui est mis en avant », lance-t-elle avant d’ajouter, « cet accomplissement n’est pas seulement pour moi mais aussi pour tous ceux et celles qui se sont investis dans le projet ».
l’infatigable Salma Khalil Alio en plus d’un projet de renforcement de ces capacités dans l’art culturel pour « apporter de la valeur ajouter à son travail », bosse sur un projet qu’elle a débuter avec son défunt père Khalil Alio qui consiste à convertir les contes ancestraux du Guera en films d’animation. « Nous avons démarré le travail il y’a de cela quelque mois et l’objectif est de convertir ces contes en film d’animation, de créer des personnages et des univers artistiques, tout en inculquant les valeurs que ces contes véhiculent », explique-t-elle.
Espérons qu’ils seront peut-être d’ autres chef d’œuvre dans cet univers très restreint du dessin animé au Tchad.
F. Kedaï Edith