Ils sont de plus en plus nombreux à faire le porte à porte à N’Djamena, machine à coudre sur l’épaule pour proposer le service de raccommodage des habits. Ces couturiers de fortune en vivent et soulagent les habitants.
“king king”!” king king”!, entend-on résonner en cette matinée calme à Paris -Congo au détour d’une ruelle. Ce bruit, c’est celui des ciseaux agités par un passant peu ordinaire. Une machine à coudre de marque Singer sur les épaules, Hamidou est à la recherche de potentiels clients. Chaque jours, il parcourt ainsi des kilomètres pour gagner sa vie. C’est le quotidien de cet homme, la cinquantaine qui pratique ce métier depuis une quinzaine d’année. »Je suis de Tawa au Niger. J’ai pratiqué des tas de petits métiers pour gagner ma vie mais ça n’a pas été facile. Comme je sais coudre un peu, j’ai décidé d’être tailleur ambulant et c’est ce que je fais depuis 2007’’, explique Hamidou arrivée au Tchad en 2014.
A ce métier de couturier ambulant très répandu dans les pays voisins, de plus en plus de tchadiens s’intéressent de nos jours à N’Djamena. De Farcha au 1er arrondissement, en passant par Amriguébé dans le 5ème, Moursal au 6ème ou à Chagoua dans le 7ème arrondissement de la ville de N’Djamena, des jeunes mais aussi des moins jeunes, arpentent quotidiennement les rues de la capitale, leurs machines à coudre à l’épaule, ou attachée sur le porte bagage d’une bicyclette. D’une main, ils tiennent une paire de ciseau agitée sans cesse dont les bruits signalent leur passage.
Âgé de 32 ans, habillés d’une chemise noire et d’un pantalon kaki, Issa Ali explique son quotidien. « Dès que le jour se lève, je sillonne la ville ma machine à coudre à l’épaule. Si je réalise deux ou trois réparations, ma journée est validée ». Au fil des années, Issa a développé une technique. « Je cible les quartiers et les rues en faisant le porte à porte. Comme ça ma présence mobilise parfois toute une famille qui me confie ses habits à coudre ou raccommoder », raconte-t-il.
« Je fixe le prix par rapport au travail à faire sur le vêtement. Le tarif varie de 100 francs à 500 francs, parfois 1000 francs. Mais si le client me propose moins, il m’arrive aussi d’accepter » ajoute-t-il. En une journée, Issa peut rentrer avec une somme de 4000 francs ou 5000 francs.
Une clientèle satisfaite
La couture ambulante pour beaucoup est une bonne chose, car ça évite de sortir chercher un atelier de couture « les couturiers ambulants nous aident vraiment beaucoup. Parfois on est tenté de jeter les habits déchirés des enfants alors qu’avec juste un petit raccommodage, le vêtement peut encore être porté » apprécie Neloumta. Aïssatou est du même avis : « Les temps sont durs et parfois on a honte d’aller arranger un simple habit endommagé à l’atelier de couture pendant que d’autres se font faire des tenues neuves. Avec le tailleur ambulant, je peux faire réparer mes habits à moindre frais. Ça soulage beaucoup notre budget’’, confie cette mère au foyer. « Le service que nous offrent les tailleurs ambulants est très appréciable, non seulement parce qu’ils viennent vers nous mais parce qu’ils sont moins chers », complète-t-elle. Selon Hamidou, ‘’Si tu es honnête, tu fidélise la clientèle. Il y a des gens chez qui je passe régulièrement. Nous sommes devenus amis et ils me font confiance. Parfois, ils me donnent des tissus pour leur coudre des habits de fête pour toute la famille et je gagne beaucoup avec ça », explique ce chevronné du métier.
Lobey Bab Sidick