PolitiqueTransition

La diaspora tchadienne appelle à des sanctions ciblées contre les autorités de la transition

La diaspora tchadienne appelle à des sanctions ciblées contre les autorités de la transition 1

Dans un manifeste envoyé à l’Onu, aux parlements des pays européens et aux organisations et institutions sous régionales d’Afrique et d’Europe, la Plateforme de concertation de la diaspora tchadienne, appelle à des sanctions contre les autorités de transition tchadienne.

Pour la diaspora tchadienne, la première phase de transition s’est soldée après 18 mois par une reconduction par des assises monocolores, de Mahamat Idriss Deby à la tête du pays et la possibilité à lui offerte de se présenter aux élections marquant la fin de la période de transition. « Les conclusions de ces assises qui se sont achevées depuis octobre 2022 sont aux antipodes des normes et pratiques que nous observons ailleurs et la mise en place d’un gouvernement dit d’« union nationale », n’a jusqu’aujourd’hui été sanctionnée par un partenaire bilatéral du pays ou une institution multilatérale ». Selon le manifeste, la Ceeac qui a organisé une réunion spéciale sur le Tchad n’a condamné ni la violation des résolutions de l’Union Africaine ni les massacres des populations le 20 octobre 2022 et les jours suivants. « L’exception Tchadienne observée en avril 2021 est-elle en train de se reproduire ? », s’interroge la diaspora tchadienne dans le manifeste.

La plateforme de concertation de la diaspora tchadienne fait observer que le sort du peuple tchadien qui souffre de la mal-gouvernance, de l’absence de perspectives, des violations répétées de ses droits et de la confiscation du pouvoir, ne peut être sacrifié au profit d’une stabilité sous-régionale alors que « ses forces de défense et de sécurité constituent le principal facteur d’instabilité intérieure et de violation des normes internationalement acceptées ». Pour la diaspora tchadienne, l’absence de sanctions de la part de la communauté internationale face à la confiscation du pouvoir et aux massacres répétitifs par une milice clanique au pouvoir continuera d’être un motif d’encouragement à asservir.

« Aujourd’hui, les Tchadiens dans leur ensemble sont pris en otage dans leur propre pays par un groupuscule qui détient l’armement et l’argent de la République, et qui n’hésite pas à l’utiliser contre la population civile, y compris en recourant aux services des supplétifs de factions rebelles étrangères (Toroboro venus du Soudan) », relève le manifeste.

La plateforme de concertation de la diaspora tchadienne propose que les sanctions visent essentiellement « les principaux membres du système en place depuis avril 2021, leurs complices locaux et leurs soutiens internationaux, ainsi que les membres de leurs familles. Elles devraient dans la mesure du possible éviter de dégrader substantiellement le pouvoir d’achats des ménages déjà extrêmement pauvres ».

En premier lieu, propose la diaspora tchadienne, devraient être concernés par les sanctions, « les individus appartenant aux chaines hiérarchiques de décisions politiques et administratives ; Ceux-ci incluent, sans s’y limiter, les membres du gouvernement, ceux du Conseil national de transition, du Mouvement patriotique du salut et certains conseillers à la Présidence de la République et à la primature ». Et en deuxième lieu, « il y a les responsables militaires et de sécurité, qui forment le noyau « dur » du système de répression et de conservation du pouvoir clanique ».Au rang des complices locaux, ajoute le manifeste, il faut citer les chefs des partis politiques de l’opposition solidaires du système, certains individus agissant avec ou sans titre officiel mais disposant de réels pouvoirs.

La plateforme propose différentes formes de sanctions : les sanctions visant les intérêts économiques et sociaux des auteurs directs ou indirects de coup d’État et de crimes contre l’humanité ; les sanctions visant les capacités à commettre des violations des droits de l’homme. « l’embargo sur certains produits (armes, grenades lacrymogènes, équipements de policiers, etc.) et de matériels utilisés contre les manifestants ». Et les sanctions visant à réduire la capacité à diriger le pays. « La première catégorie de sanctions à l’égard de l’État devra consister en la suspension de l’État tchadien des institutions internationales et l’interdiction de commercer dans des domaines non alimentaires ».

Nadjita Namlengar