Politique

Changement dynastique au Tchad : « un plan de la France »

Changement dynastique au Tchad : « un plan de la France » 1

Au lendemain de l’investiture du président de transition Mahamat Idriss Déby Itno, la plateforme Néo-panafricaniste de souveraineté trouve le véritable responsable du changement dynastique à la tête du pays. C’est la France qui, d’après la plateforme qui a mené en coulisses les tractations, écartant certains responsables politiques et de la société.

Si le vœu de changement de nombreux Tchadiens s’est effrité après la mort brutale du Maréchal Idriss Deby Itno le 20 avril 2021, c’est d’après la plateforme des Néopanafricanistes à cause de la France, « puissance coloniale et néocolonialiste » qui entend bien « perpétuer le système mafieux qui y protège ses intérêts depuis plus de quarante-deux ans, par le biais d’actes politiques et interventions militaires téléguidés depuis Paris ». « Après avoir adoubé Mahamat ldriss Déby… en violant toutes les dispositions constitutionnelles…, la France a piloté de bout en bout les cinq mois de pourparlers du pré-dialogue de Doha. Sous la houlette de son ancien ambassadeur au Tchad, Bruno Foucher et avec l’appui des services secrets de la Dgse ( Direction générale de la Sécurité extérieure), Paris a mené le jeu pour écarter les groupes rebelles les plus crédibles représentant une menace d’alternative certaine et donc un danger pour ses protégés de N’Djamena », informe la plateforme qui précise que « la France a encouragé l’illégitime Conseil militaire de transition (Cmt) en place à ne pas accéder aux préalables posés par les partis de l’opposition, la société civile et la diaspora militante ».
Ces conditions rapporte la plateforme Néo-panafricaniste de souveraineté sont entre autres « la parité au niveau de la représentativité aux assises nationales, la consécration de l’inéligibilité aux futures échéances électorales marquant la fin de la transition des membres du Conseil militaire de transition et de son gouvernement, conformément à la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et l’inamovibilité des responsables des organes de transition désignés durant le dialogue national ».

C’est avec l’aide de Paris, assure ce groupe que la junte a effectué un passage en force pour faire adopter un programme d’assises nationales, « écartant les questions de fond relatives à la souveraineté du Tchad et susceptibles de remettre en cause les intérêts de la France ». Il cite pour exemple la révision des accords instaurant des bases militaires françaises au Tchad ou la réforme en profondeur de l’armée jugée « clanique » et à la « solde de la françafrique ». « Paris a proprement saboté la médiation offerte par le groupe des religieux et des ainés en vue d’une plus grande inclusivité et d’un cheminement vertueux vers une sortie durable de la crise qui perdure dans le pays. Les manœuvres françaises ont eu pour résultat l‘adoption aux termes des assises, de résolutions reconduisant la transition pour deux années avec pour point d’orgue, l’éligibilité du Président de la transition en la personne du fils Déby », note la plateforme qui estime que les résolutions « d’une pseudo commission ad-hoc manifestement préoccupée d’institutionnaliser la monarchie » ont été adoptées « dans une salle unicolore et aux trois quarts vide ». D’après la plateforme, qui dénonce le mutisme de la communauté internationale « si prompte à défendre en d’autres lieux le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», le plan français d’une dévolution monarchique du pouvoir au Tchad est en train de se réaliser. « Les récentes déclarations de la Commission de l’Union Africaine et de certaines ambassades et celles hypocrites d’Emmanuel Macron ne changent rien aux faits », précise le communiqué qui condamne en sus un changement anticonstitutionnel. « Nous apportons notre soutien et notre solidarité au peuple tchadien meurtri, invitons les panafricanistes du monde entier, les patriotes de toutes les diasporas africaines et les forces progressistes de tout bord à soutenir le peuple frère du Tchad par tous les moyens légaux pertinents et à relayer et amplifier les actions que vont entreprendre dans les jours à venir l’opposition politique tchadienne, la société civile et les tchadiens de la diaspora militante », lance le communiqué.
Cette plateforme Néo Panafricaniste est constituée des associations, partis politiques mais aussi des personnalités.

Stanyslas Asnan