La guitare basse a longtemps été l’instrument de prédilection de Issa Ndem ce qui lui a valu le surnom de « Ndem Bass ». Mais le temps d’un café chez une amie expatriée, le musicien est tombé amoureux de l’Ukulélé, un instrument d’origine Hawaïenne qui est devenu le centre de sa création musicale.
Enseignant en éducation musicale, Issa Allandemkeria Mira (Issa Ndem Bass), se défini comme un artiste musicien, compositeur et interprète. Et pas seulement. «Je suis un artiste engagé, je me range toujours du côté du peuple. J’essaye de conscientiser le peuple qui est toujours dormant quand il s’agit de réclamer ses droits», revendique ce musicien de talent dont la démarche artistique mène aux antipodes du Tchad. Alchimiste musical, ce fils du grand Moyen-Chari arrive à lier le ‘’Bal’’ et le ‘’Toh’’ du Mandoul au Jazz. Le tout coordonné par un outil tout aussi atypique que le Ukulélé(lire youkoulélé), ce petit instrument des iles Hawaii (Usa) à quatre cordes qui, à vu d’œil, fait penser à une guitare en miniature. Le Ukulélé, cet artiste autodidacte, fils de musicien, a appris à le jouer tout seul. Il raconte: «un jour, j’étais chez une amie, il y avait cet instrument sur le canapé, elle m’a expliqué que c’est instrument traditionnel à quatre cordes d’origine hawaïenne devenu moderne. Elle m’a donné le nom des quatre notes. En bon guitariste, j’ai commencé à composer les accords tout en jouant le premier accord pendant que l’amie préparait du café. A son retour, elle me voit jouer et me demande si je connaissais cet instrument avant ? J’ai dit non. Finalement j’ai interprété le morceau Aicha de Cheb Khaled. En me raccompagnant, elle me gratifie l’instrument. Voilà le début de mon histoire avec l’Ukulélé».
Une histoire qui va pousser le musicien à explorer l’instrument pour le faire entrer dans la musique africaine. «C’est un instrument magique qui m’occupe tous les jours et me permet de réadapter tout mon répertoire au point de me faire oublier la guitare basse qui et mon instrument de prédilection», explique-t-il.
La musique a toujours été au cœur de la vie de ce jeune tchadien. Né de père musulman et de mère chrétienne, c’est son amour pour la musique qui l’a mené à sa foi chrétienne. «C’est ma tante qui m’a amené pour la première fois à l’église. C’est là que je suis tombé amoureux de la musique. Je venais chez ma tante juste pour aller à l’église pas pour la foi mais à cause de la musique», raconte Issa Ndem qui, à 14 ans s’est approché des instruments de musique qu’il apprend tout seul. Devenu par la suite chrétien baptisé, il intègre la chorale ‘’la Colombe’’ et participera plus tard à la création de «les Brothers», une bande musicale. Après cet épisode, il décide de faire de la musique un métier d’où la discorde avec son église. Aujourd’hui, «je suis musicien, je n’ai pas un autre job», confie ce jazzman sahélien qui a pour modèle le camerounais Richard Bona, bassiste virtuose. En termes de discographie, Issa Ndem qui refuse de faire des albums, lance régulièrement des singles où des maxi singles. Admis dans une prestigieuse école de musique à Paris, il a dû renoncer faute de moyens. Marié et père de trois garçons, il prépare la journée international (30 avril) du jazz en collaboration avec l’Institut français au Tchad (Ift). La musique du Guera sera au centre des travaux.
Abgue Boukar Christophe