Culture

Ngoleba: «Ad rôyi sôli ndein»*

Ngoleba: «Ad rôyi sôli ndein»* 1

Chanteur se réclamant de la World music, Yannick Sayam Yan-Asnan a créé son propre style baptisé ‘’SabNgandja’’, un mélange de rythmes tchadiens et de rap. Il vient de lancer un single «Ad rôyi sôli ndein» (Ndlr:un peu de dignité) dont le clip est objet de challenge sur les réseaux sociaux.

De taille moyenne, le teint noir ciré, Yannick Sayam Yan-Asnan à l’état civil est affectueusement appelé Ngoleba par ses fans. Cet artiste chanteur, auteur et compositeur est sociologue de formation. C’est un chanteur qui arrive à toucher le cœur du public. Comme de nombreux jeunes tchadiens, c’est par le canal de l’église que Ngoleba est devenu artiste. Il a été moulu depuis sa tendre enfance dans les mouvements d’église et «donc je ne sais pas à quand cela à commencer effectivement». «Mais je dirai que c’est depuis les entrailles de ma mère qui fût aussi choriste unisson à l’église», s’amuse-t-il à dire.

L’artiste fait de la world music et vient de créer un style, le SabNgandja (une combinaison du Sàbà et du Ngandja et tout ceci saupoudré du Rap). En effet, s’étant rendu compte de la diversité des rythmes au Tchad, il ambitionne de les valoriser. D’après l’artiste, le Sabngandja issu de la contradiction de sab et Ngandja, deux rythmes traditionnels est un style révolutionnaire né pendant la période de la transition au Tchad et qui a pour but de booster la prise de conscience et un engagement des jeunes sur les questions politiques pour leur pays (la politique comme gestion de la chose publique). Dans ce style qu’il propose, «il y a une variété dans les frappes, le Saba et le Ngandja peuvent bien garder le même tempo».

Cet artiste qui s’investi beaucoup dans les causes sociales et de la sensibilisation, vient de sortir, Ad rôyi sôli ndein qui signifie en Gor «aies un peu honte», un titre dans lequel il demande «au système actuel et aux aînés d’avoir un peu honte d’eux-mêmes et de l’image dégradante qu’ils auront laissée sur leurs progénitures innocentes».

Le but de ce single est de lutter contre l’injustice car pour lui, il est l’heure de mettre fin à ce système qui n’a pas fonctionné depuis 62ans aujourd’hui, âge même de la retraite au Tchad donc l’ancien système et l’ancienne génération devra se reposer pour passer le relais aux jeunes qui devront redéfinir un Tchad nouveau et ce, en considération de la dynamique sociale actuelle. Se prononçant sur le Dnis, Ngoleba «pense que ce dialogue national exclusif» et est loin d’être ce qui est souhaité. «Cela ressemble plus à un forum, une assemblée générale organisée par des groupes dans le but de parler des problèmes qui minent leurs propres structures. Déjà il y a un faux départ avec une mauvaise représentativité des différentes corporations de la société. Déjà le décor artisanal du dialogue n’y est pas car ne reflétant pas l’image d’arbre à palabre à l’Africaine, des gens sont enfermés dans une salle et se lèvent pour parler très inutilement en gros français», estime-t-il.

Il estime aussi que les jeunes ne sont pas assez nombreux dans ce forum, eux qui représentent l’avenir. « Le Conseil militaire de transition (Cmt), le Comité d’organisation du dialogue national inclusif (Codni)… devront écouter la voix du peuple qui réclame plus d’inclusion et plus de clarté dans les textes de départ parce que si la fondation est mal posée, le bâtiment ne résistera à la tempête », précise-t-il.

Pour finir, il confie : «tous les protagonistes devront comprendre que nous n’héritons pas le Tchad de nos ancêtres mais nous l’empruntons à nos enfants». Ad rôyi sôli ndein est disponible sur YouTube depuis le 03 septembre.

ABC

*Un peu de dignité