« Chez nous, le client aura tous les services qu’il peut avoir dans les autres banques en plus de la solution logement »
A quelques semaines de l’ouverture des guichets de la Banque de l’habitat du Tchad, le directeur général, Germain Myambaye Beasnan explique l’avantage à devenir client de son institution.
On annonce pour bientôt l’ouverture des guichets de la Banque de l’habitat du Tchad. Ce sera quand précisément?
Germain Myambaye Beasnan : Je ne peux m’avancer sur une date mais je vous dirais que nous avons une période estimée à début juillet 2017. Nous avons connu un retard à l’allumage en raison de facteurs endogènes et exogènes. Endogènes qui dépendent des acteurs et des actions du projet. Ces facteurs, nous avons pu les circonscrire. Dans un projet, chaque petit retard a des répercussions sur l’évolution. Mais, ce sont surtout les facteurs exogènes qui sont à la base du retard. Ce sont par exemple, le temps de réponse à un courrier venant d’un partenaire règlementaire ou étatique. Il faut savoir que la mise en place d’une banque ne se fait pas comme une société ordinaire. Il faut entre 24 et 36 mois pour finir le processus et nous sommes dans la fourchette. Dans le processus de création d’une banque, il faut passer de l’idée au projet. Ensuite mettre à jour le document de référence du secteur de l’habitat qui est notre domaine d’activité; rédiger le plan d’affaire de la Banque, faire établir les documents de la société anonyme, rédiger les statuts; mettre en place les organes de décision; constituer le capital, libérer les actions et obtenir les agréments. L’obtention de l’agrément est lui-même un processus assez long. La commission bancaire d’Afrique centrale qui examine les dossiers se réunit une fois par trimestre. En cas de complément d’information, il faut attendre la prochaine session. C’est tout cela qui prend énormément de temps.
On peut dire aujourd’hui que vous êtes prêts ?
Oui. Nous sommes dans la dernière ligne droite. Plus que quelques semaines et nos guichets seront ouverts.
Le terme «Banque de l’Habitat» est nouveau pour le public tchadien. C’est quoi une banque de l’habitat?
La Banque de l’habitat du Tchad est une institution financière qui a pour vocation d’apporter des solutions au financement du secteur de l’habitat. Dans la chaîne du secteur, nous avons les constructeurs, les quincailleries mais surtout le consommateur final qui est vous, moi qui peut justifier d’une source de revenus stable et qui peut prétendre à un financement de son habitat. C’est le beau mandat que doit jouer la banque de l’habitat auprès des populations tchadiennes.
Quand on regarde au niveau des banques primaires, il n’y a pas d’offre spécifique en matière d’habitation. Les citoyens essayent autant que faire se peut de se débrouiller pour se bâtir leurs gîtes. C’est de l’autofinancement qui est prohibitif en raison du coût des matériaux de construction. Selon des études de l’Ecole nationale des travaux publics, il faut environ 20 millions de FCFA pour un logement de type F4. Ce qui est cher. La conjoncture actuelle fait observer une tendance à la baisse du prix de l’intrant principal qui est le ciment et qui compte pour 30 à 35% du coût total de la construction. Mais, ce n’est pas satisfaisant. Pour nous BHT, il faut parvenir à 10 millions de FCFA pour une maison de deux chambres, salon, cuisine et douche. Si on arrive avec le concours de l’Etat tchadien et des autres acteurs à retomber à 10 millions de FCFA pour un loyer modéré, ce sera une grande bataille de gagnée.
La mission qui nous été assignée par l’Etat tchadien est d’abord celle que je viens de vous décrire; mais nous restons une banque primaire donc avec des services qu’une banque peut offrir. Ici chez nous, le client aura tous les services qu’il peut avoir ailleurs en plus de la solution logement.
Qui peut aspirer au crédit logement ?
Le client qui peut justifier d’une source de revenus stable et traçable vient ouvrir un compte. Il faudrait qu’il n’ait pas d’engagement ailleurs ou qu’il n’ait pas rempli sa quotité. C’est-à-dire qu’il n’a pas dépassé la limite que la loi nous autorise à prélever sur son salaire mensuel, c’est-à-dire 33% du total. Les clients qui voudraient bénéficier d’un crédit habitat doivent d’abord passer par la case épargne. Ils doivent épargner pendant quelque temps, histoire d’avoir des habitudes d’épargne et se préparer à amortir le choc du crédit. Il faut que le client s’habitue à l’épargne pour pouvoir garder le même mode de vie, une fois le crédit contracté.
Nous n’allons donc pas nous mettre à distribuer des crédits logement dès l’ouverture. La plupart des clients doivent passer par la case épargne de deux ans voire plus pour bénéficier du crédit. La Banque n’est qu’un intermédiaire. C’est pourquoi nous allons être très prudents dans l’octroi des crédits. N’oublions pas que c’est de l’argent appartenant à des tiers que nous empruntons. Il faut que les crédits soient remboursés pour que d’autres compatriotes en bénéficient à leur tour. Les ratios établissent qu’un défaut de paiement impacte négativement jusqu’à dix demandeurs de crédit.
Quel sera votre public cible, les fonctionnaires ou le secteur privé?
Avant de répondre, il faut dire que nous avons pour partenaires les promoteurs immobiliers, les quincaillers, les sociétés d’import-export peuvent aussi bénéficier des crédits chez nous. Mais le gros de notre clientèle sera évidemment le consommateur final qu’il soit du public ou du privé nous intéresse. Les seules conditions sont celles que j’ai évoquées.
Combien de clients escomptez-vous à court et moyen terme?
Selon les études de marché, il y’a 25 000 demandes de logement par an avec un taux de réalisation d’environ 7%. Tout ce gap est notre marché potentiel. Ce qui ne veux pas dire, je le répète, que nous allons nous mettre à distribuer du crédit à tour de bras. Mais nous allons étudier au cas par cas, il y’aura certainement de très bon dossiers avec lesquels nous allons nous engager. Nous allons démarrer en juillet, donc à six mois de la fin de l’année. Si nous arrivons à traiter 200 à 300 dossiers, ce sera bon. Nous sommes une banque qui démarre ex nihilo. C’est dire que nous avons encore besoin de rodage et espérons doubler voire quintupler la taille du crédit immobilier en 2018 et 2019.
Vous êtes optimistes ?
Oui très optimistes malgré la crise. Nous nous sommes inspirés de l’expérience au Tchad durant les 30 dernières années. Nous avons aussi étudié les expériences dans la région et je dois appeler ici au civisme de nos futurs clients. La promotion immobilière est une activité nouvelle. C’est pourquoi, j’exhorte les hommes d’affaires à s’intéresser à la chose. C’est une vision d’avenir que le chef de l’Etat Idriss Déby Itno a eu pour le pays et qui annonce de belles perspectives pour l’habitat au Tchad.