Ce qui s’est passé le week-end dernier montre, si besoin est que les chats ne font pas des souris. Le Tchad a changé de président mais pas de système de gouvernance. Un système marqué par la brutalité, la corruption et la promotion de la médiocrité. C’est le logiciel qui a conduit les dirigeants de la transition à bloquer pendant plus de 48 heures le siège des Transformateurs qui refusent de participer au dialogue national inclusif et entendaient organiser un meeting samedi dernier. Chose qu’ils ont répétée deux semaines avant. Le niveau de la brutalité et l’absence de discernement qui ont caractérisé l’opération montrent que le pouvoir, qui a du reste montré qu’il ne tardera pas à se débarrasser bientôt du mot transition, a bel et bien l’intention de s’éterniser. Et c’est la raison pour laquelle il ne supporte pas regarder la réalité en face.
La réalité, c’est que le dialogue national inclusif et souverain ne l’est que de nom. Les crédules qui ont cru devoir ou pouvoir changer quelque chose réalisent au jour le jour que ni le procédé, ni les hommes à la manœuvre n’ont changé. La liberté de parole et de ton concédés ne le sont que le temps de légitimer le pouvoir de transition.
C’est pourquoi, il est du devoir de tout citoyen, soucieux de l’avenir du pays de résister face à la tentative de perpétuation d’un pouvoir qui n’a œuvré qu’à entraîner le pays vers les abysses. La gestion du récent scandale à la Société des hydrocarbures du Tchad (Sht) montre que la bonne gouvernance n’est pas la priorité de ce régime qui est tout aussi capable de sanctionner les indélicats que prêt à réprimer dans le sang toute velléité démocratique. Mieux, les auteurs de ce scandale relâchés narguent ceux qui espéraient que pour une fois, la justice allait redorer son blason.
C’est la raison pour laquelle la communauté internationale qui a, on l’espère, acté de bonne foi, l’installation d’une transition militaire, doit prendre ses responsabilités en rappelant que le Tchad comme les autres pays de la planète doit être géré comme un État moderne. Les amis du Tchad qui ont ménagé jusque-là le régime de transition doivent se rendre compte de l’évidente mauvaise foi du régime et en tirer les conséquences. Ce que le peuple tchadien qui est debout face au plan de succession dynastique attend, ce sont des sanctions ciblées contre les auteurs des massacres, les mauvais génies qui auront été à l’origine de la répression aveugle de la semaine dernière.
La Rédaction